Le paris pop des Parisiennes (Gonzaï)
Cinquante ans après, Les Parisiennes reviennent et elles n’ont, pour le coup, pas pris une ride. Exit les désormais vieilles chanteuses yéyé de Claude Bolling, cette fois ce sont Arielle Dombasle, Helena Noguerra , Inna Modja et Mareva Galanter qui s’y collent. L’occasion d’une rencontre avec ces drôles de dames.
« C’était à Paris, une ville qui était alors si belle que bien des gens ont préféré y être pauvres, plutôt que riches n’importe où ailleurs ». (Guy Debord)
Un film de 1969 de Robert Benayoun avec Gainsbourg s’intitulait Paris n’existe pas. Comme si Paris était d’avantage un fantasme de ville qu’un territoire incarné. Dans une époque de pragmatisme libéral où l’audimat et la rentabilité font acte de loi, il est néanmoins rafraîchissant de constater qu’un grand mogul de la télévision est capable de revenir à ses rêves de gosse afin de relancer le concept des Parisiennes. Les Parisiennes, c’est ce groupe de quatre femmes qui, de 1963 à 1972, enchanta les téléspectateurs de l’ORTF. Sur des musiques de Claude Bolling (compositeur des bandes originales de Borsalino, le Magnifique et Floc Story, Ndlr), des paroles de Frank Gérald et des chorégraphies de Roland Petit, Les Parisiennes incarnèrent une certaine idée de la capitale hexagonale et de la femme. Un subtil cocktail de fantaisie, de féminité assumée et d’esprit typiquement sixties entre Mary Quant (la britannique créatrice de la mini jupe, ndlr), Daisy De Galard (Dim, Dam, Dom, Ndlr) et Caravelle.
Bien sûr nous ne sommes plus en 1967 et certaines icônes sixties qui n’ont pas eu l’occasion de mourir à 27 ans nous rappellent la célèbre réflexion de général de Gaulle qui affirmait que « la vieillesse est un naufrage ». Les revivals peuvent s’avérer dangereux en proposant des versions caricaturale des sixties; on pense par exemple à Austin Powers. Pas d’inquiétude ici, l’équipe au chevet des Parisiennes 2.0 a su saisir toute la modernité de ce « Girls group » qui, il est vrai, jouissait d’un répertoire en or de pépites entre pop, jazz et musical d’inspiration anglo-saxonne; mais avec une touche française qui aujourd’hui charme de New York jusqu’à Tokyo. Les nouvelles Parisiennes sont une réussite en grande partie parce qu’elles sont incarnées par Arielle Dombasle, Helena Noguerra, Inna Modja et Mareva Galanter qui, chacune à sa manière, évoque les sixties tout en y ajoutant une touche de modernité. Arielle, Helena, Inna et Mareva sont des femmes qui infusent leurs fortes personnalités dans leurs rôles. Des individualités libres qui se retrouvent à l’unisson des chorégraphies, des costumes et des chansons. Une bonne occasion de changer d’air pour celles et ceux qui veulent croire que la sinistrose n’est pas une fatalité de l’époque.