Rencontre avec Arielle Dombasle & Nicolas Ker (La Parisienne Life)
Rencontre avec Arielle Dombasle et Nicolas Ker pour la sortie de leur nouvel album Empire.
« Empire » est votre second album commun après « La Rivière Atlantique » paru en 2016, ce nouveau disque a-t-il été une évidence ?
Nicolas : Oui, plus ou moins même si à la base, je devais le faire seul. Je me souviens qu’à un moment, je n’arrivais plus à faire ce disque sur lequel je travaillais en même temps que « La Rivière Atlantique » et une fois cet album sorti, je me suis dit que j’allais demander à Arielle, que ça marcherait peut-être et ça a été le cas.
Comment voyez-vous cet empire qui donne son nom à votre nouveau disque ?
N : C’est notre vie commune envisagée comme un processus carcéral car nous sommes tous enfermés en prison. Si nous montons un peu au niveau de notre conscience, nous pouvons peut-être éviter l’enferment de notre corps mais pour l’instant, je ne vois personne y arriver vraiment.
Arielle : Et surtout pas Nicolas qui est sous l’empire des addictions. Son corps est une prison.
N : J’ai des fantasmes et des addictions qui font que je reste en empire car je suis encore puni.
Comment compareriez-vous les atmosphères de ces deux albums ?
N : Ces deux albums sont très différents. « La Rivière Atlantique » faisait référence à un passage de la vie d’Arielle.
A : Et ce disque était basé également sur l’idée d’une civilisation disparue ; l’Atlantide, de manière métaphorique ; et sur tous les courants de la mer qui nous mènent ainsi que sur les nouvelles vagues et sur les grandes forces à l’intérieur des océans comme ces fleuves qui continuent leur parcours à l’intérieur des grandes masses d’eau. Ce mouvement au milieu de l’eau est toujours assez magique. « La Rivière Atlantique » était donc très océanique alors qu’« Empire » est pour moi un empire très céleste même s’il est plus un enfermement dans le monde matériel et dans son corps pour Nicolas.
N : Pour moi, les arbres font vraiment partie de l’empire alors que cette rivière Atlantique était vraiment fait de vagues.
Musicalement parlant, « Empire » s’inscrit-il dans la lignée de son prédécesseur ?
N : Je ne trouve pas. Pour moi, « Empire » est plus sylphide, floral et féminin.
A : « The Palace Of The Virgin Queen » est une chanson proprement féminine même si Nicolas l’a écrit parce qu’il jouait avec sa chatte qui s’amusait à lui jouer des tours.
Ce nouveau disque a-t-il été pensé comme une « histoire » ?
N : Trois chansons se suivent et racontent la vie de ma chatte dans cet album. « Lost Little Street Girl » raconte comment j’ai trouvé ma chatte en train de lécher un pot de yaourt sur un camion sous la pluie et que je l’ai prise dans mes bras pour la sauver. Ensuite, elle n’est pas sortie de derrière le placard pendant trois jours. « The Palace Of The Virgin Queen » qui aborde le fait qu’elle était devenue la reine absolue de la maison. « A Simple Life » aborde son âge car elle avait 21 ans et je lui dis qu’elle a finalement vécu une vie simple.
A : Une vie très simple auprès d’un rockeur qui lui met du Hard-Rock toute la journée. C’est une petite chatte qui a eu l’adoration de son maître et c’était l’inspiration secrète de ces trois morceaux.
Quels autres thèmes retrouvons-nous dans vos nouvelles chansons ?
A : Outre la vie de Mina, cet album parle de l’empire de la survie car Nicolas a passé beaucoup de temps ces deux dernières années dans les hôpitaux dans des phases de rehab. Je trouve que c’est très beau de se dire que même dans un état tout à fait grave, on continue à être inspiré et à faire des choses.
N : Écrire, cela va toujours très vite mais ce disque a été très dur à composer. Les thèmes d’« Empire » sont assez épars. Comme j’étais à l’hôpital, j’ai regroupé beaucoup de chansons écrites pour certaines il y a 15 ans. Je vais faire un prochain album en français et là, pour le coup, le propos sera ultra clair. Il y aura un procédé narratif. Pour moi, « Empire » parle de tout.
« Just Come Back Alive » qui a été imaginé bien avant la sombre période que nous traversons tous actuellement a-t-il pris un autre sens pour vous ces derniers mois ?
A : Beaucoup de personnes ont perçu ce titre comme un morceau prémonitoire.
N : En fait, je me disais que je faisais des conneries mais qu’il fallait au moins que j’en revienne vivant.
A : Dans ces temps où nous avons tous été inquiets pour le monde entier, où les gens mouraient globalement et simultanément, « Just Come Back Alive » a été la prière que nous avons tous fait secrètement pour les gens que l’on aime. Ne soyez pas emportés, pas cette fois.
N : Personnellement, je vois toujours cette chanson comme quelque chose d’écrit à moi-même. Comme un mantra. Reviens juste vivant. C’était déjà comme cela à l’époque mais avec le Coronavirus, ça a rajouté une strate qui est intéressante. C’est une coïncidence saisissante.
A : Comme Nicolas est un peu sorcier et un peu shaman, nous l’expliquons ainsi.
Au niveau de l’interprétation, comment chacun trouve-t-il sa place ?
N : C’est moi qui gueule ! Comme Gainsbourg avec Birkin.
A : Ce qu’aime Nicolas chez moi, ce n’est pas la chanteuse lyrique sauf pour les chœurs, il aime la chanteuse mezzo-voce.
« Empire » a quelque chose de très cinématographique ; Arielle réalisant également des clips et des films, avez-vous pensé à mettre tout ce disque en images en suivant un scénario ?
A : Oui, bien sûr.
N : Ça aurait même pu mieux marcher sur « La Rivière Atlantique » mais nous l’avons fait après avec « Alien Crystal Palace ». Pour « Empire », Arielle voit un clip par chanson. Elle y pense tout le temps à cette idée de film.
A : Un cosmos lié aux harmonies, à nos voix, à l’histoire inconsciente qui est dans chaque morceau.
N : Pour les clips, Arielle me demande encore plus de précisions sur ce que j’ai voulu dire et je n’aime pas donner des explications !
A : Pour le clip de « Humble Guy », il fallait que je cerne de quelle humilité Nicolas parlait car l’humilité est une vertu extraordinaire et je voulais être précise pour ne pas trahir l’essence même de cette chanson.
N : Pour moi, ces humble guys sont les êtres politiques les plus humbles qui se sont faits éclatés à coups de dague. Je pense notamment à Mendès France, Delort, Rocard, Ayrault…
Pouvez-vous nous en dire plus sur le bonus track « We Bleed For The Ocean » ?
N : Au départ, j’avais écrit ce titre pour parler de la menstruation et pour parler plutôt de féminisme mais ensuite, Arielle a donné une autre dimension à cette chanson.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
N & A : Tout !
A : Nous sommes des opposés mais nous créons un vrai magnétisme. Il y a une vraie altérité chez nous. C’est comme en musique, les contrepoints ; ce sont les notes en harmonique qui créent l’harmonie.
Seriez-vous déjà partants pour un troisième acte musical conjoint ?
N : Pour l’instant, j’aimerais faire un album tout seul en français mais nous sommes sur la piste d’un film.
A : Et ce film serait très musical.
N : Il y aura donc, de toute manière, une bande originale de ce film.
N : Bien sûr ! Nous n’avons qu’à faire trois fois une salle de 500 plutôt qu’une fois une salle de 1500.
A : Nous allons commencer comme cela. Un concert à La Maroquinerie est prévu le 17 septembre.
Empire, le nouvel album d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker, déjà disponible !
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