Le making-of de la vidéo, réalisée pendant le confinement – dans une « configuration surréaliste, Dada, avec cette ville fermée » comme elle le dit – vaut le détour.
« Il y avait juste un vieux libidineux dans une échoppe de lingerie ouverte, décrit-elle. Heureusement il ne m’a pas reconnue (rires). Il me disait: « Tu t’appelles comment? Viens je vais te montrer les corsets » (rires). J’étais vraiment la seule cliente et ce type ne faisait que de me pincer le bras (rires). Je lui ai dit +je m’appelle Candy+ (rires) ». « Un vieux nom d’escorte ! », s’esclaffe-t-il.
« J’ai beaucoup désobéi »
« Il y avait ce vêtement en vitrine, avec ce mannequin qui me ressemblait, enchaîne-t-elle. Je voulais surtout l’étiquette du vêtement pour le clip, le type devait se demander « mais c’est quoi son trip? » (rires). Il était super bougon (rires). Bon finalement, il m’a jeté l’étiquette (rires) ».
Les deux artistes se vouvoient, alors qu’ils en sont à leur deuxième album et ont aussi un film en commun. Toujours aussi inclassables. « J’ai beaucoup désobéi pendant le confinement, je me suis promenée la nuit dans les parcs fermés », lâche-t-elle. Et travailler en studio avec lui – survivant d’une existence totalement rock’n’roll – c’est comment? « Nicolas est défoncé ou « available » (disponible en anglais), rigole-t-elle. On fait avec ».
Leur association n’étonne pas Matthieu Culleron, auteur d’un fabuleux documentaire sur une tournée tout en excès de Poni Hoax, « Drunk In The House Of Lords ». « Leurs comportements ne sont pas en rapport avec les canons médiatiques. Mais ils partagent beaucoup de choses. Nicolas a ce côté punk, mais aussi ce côté cultivé, savant », dépeint le journaliste pour l’AFP.
« Soyez dans le miroir »
A elle la mise en images, à lui texte et musique, ainsi que l’équilibre à trouver entre leurs voix. « Je ne voulais pas qu’Arielle sonne de façon lyrique, je lui disais: « vous poussez trop, soyez dans le miroir. Sauf pour le chant élisabéthain sur ‘A Simple Life' ».
L’album, sorti ce vendredi (chez Barclay/Universal), a de belles pièces dans sa collection, comme « Le Grand Hôtel » – la seule en français, les autres sont en anglais – et « Lost Little Street Girl ». « Une amie m’a dit +toutes les jeunes parisiennes peuvent se sentir concernées+, commente-t-il. C’est la magie de la pop, un texte universel. Mais en fait je parle de ma chatte, Mina, que j’avais recueillie dans la rue, elle léchait un pot de yaourt vide sous une voiture et le mec du kébab en face voulait la chasser (rires) ».
L’animal inspire deux autres morceaux, « The Palace Of The Virgin Queen » et « A Simple Life ». « Quand elle dormait trop, je lui mettais du metal, bon après elle venait me faire chier aussi », conclut-il dans un grand rire.
Rencontre avec Arielle Dombasle et Nicolas Ker pour la sortie de leur nouvel album Empire.
« Empire » est votre second album commun après « La Rivière Atlantique » paru en 2016, ce nouveau disque a-t-il été une évidence ?
Nicolas : Oui, plus ou moins même si à la base, je devais le faire seul. Je me souviens qu’à un moment, je n’arrivais plus à faire ce disque sur lequel je travaillais en même temps que « La Rivière Atlantique » et une fois cet album sorti, je me suis dit que j’allais demander à Arielle, que ça marcherait peut-être et ça a été le cas.
Comment voyez-vous cet empire qui donne son nom à votre nouveau disque ?
N : C’est notre vie commune envisagée comme un processus carcéral car nous sommes tous enfermés en prison. Si nous montons un peu au niveau de notre conscience, nous pouvons peut-être éviter l’enferment de notre corps mais pour l’instant, je ne vois personne y arriver vraiment.
Arielle : Et surtout pas Nicolas qui est sous l’empire des addictions. Son corps est une prison.
N : J’ai des fantasmes et des addictions qui font que je reste en empire car je suis encore puni.
Comment compareriez-vous les atmosphères de ces deux albums ?
N : Ces deux albums sont très différents. « La Rivière Atlantique » faisait référence à un passage de la vie d’Arielle.
A : Et ce disque était basé également sur l’idée d’une civilisation disparue ; l’Atlantide, de manière métaphorique ; et sur tous les courants de la mer qui nous mènent ainsi que sur les nouvelles vagues et sur les grandes forces à l’intérieur des océans comme ces fleuves qui continuent leur parcours à l’intérieur des grandes masses d’eau. Ce mouvement au milieu de l’eau est toujours assez magique. « La Rivière Atlantique » était donc très océanique alors qu’« Empire » est pour moi un empire très céleste même s’il est plus un enfermement dans le monde matériel et dans son corps pour Nicolas.
N : Pour moi, les arbres font vraiment partie de l’empire alors que cette rivière Atlantique était vraiment fait de vagues.
Musicalement parlant, « Empire » s’inscrit-il dans la lignée de son prédécesseur ?
N : Je ne trouve pas. Pour moi, « Empire » est plus sylphide, floral et féminin.
A : « The Palace Of The Virgin Queen » est une chanson proprement féminine même si Nicolas l’a écrit parce qu’il jouait avec sa chatte qui s’amusait à lui jouer des tours.
Ce nouveau disque a-t-il été pensé comme une « histoire » ?
N : Trois chansons se suivent et racontent la vie de ma chatte dans cet album. « Lost Little Street Girl » raconte comment j’ai trouvé ma chatte en train de lécher un pot de yaourt sur un camion sous la pluie et que je l’ai prise dans mes bras pour la sauver. Ensuite, elle n’est pas sortie de derrière le placard pendant trois jours. « The Palace Of The Virgin Queen » qui aborde le fait qu’elle était devenue la reine absolue de la maison. « A Simple Life » aborde son âge car elle avait 21 ans et je lui dis qu’elle a finalement vécu une vie simple.
A : Une vie très simple auprès d’un rockeur qui lui met du Hard-Rock toute la journée. C’est une petite chatte qui a eu l’adoration de son maître et c’était l’inspiration secrète de ces trois morceaux.
Quels autres thèmes retrouvons-nous dans vos nouvelles chansons ?
A : Outre la vie de Mina, cet album parle de l’empire de la survie car Nicolas a passé beaucoup de temps ces deux dernières années dans les hôpitaux dans des phases de rehab. Je trouve que c’est très beau de se dire que même dans un état tout à fait grave, on continue à être inspiré et à faire des choses.
N : Écrire, cela va toujours très vite mais ce disque a été très dur à composer. Les thèmes d’« Empire » sont assez épars. Comme j’étais à l’hôpital, j’ai regroupé beaucoup de chansons écrites pour certaines il y a 15 ans. Je vais faire un prochain album en français et là, pour le coup, le propos sera ultra clair. Il y aura un procédé narratif. Pour moi, « Empire » parle de tout.
« Just Come Back Alive » qui a été imaginé bien avant la sombre période que nous traversons tous actuellement a-t-il pris un autre sens pour vous ces derniers mois ?
A : Beaucoup de personnes ont perçu ce titre comme un morceau prémonitoire.
N : En fait, je me disais que je faisais des conneries mais qu’il fallait au moins que j’en revienne vivant.
A : Dans ces temps où nous avons tous été inquiets pour le monde entier, où les gens mouraient globalement et simultanément, « Just Come Back Alive » a été la prière que nous avons tous fait secrètement pour les gens que l’on aime. Ne soyez pas emportés, pas cette fois.
N : Personnellement, je vois toujours cette chanson comme quelque chose d’écrit à moi-même. Comme un mantra. Reviens juste vivant. C’était déjà comme cela à l’époque mais avec le Coronavirus, ça a rajouté une strate qui est intéressante. C’est une coïncidence saisissante.
A : Comme Nicolas est un peu sorcier et un peu shaman, nous l’expliquons ainsi.
Au niveau de l’interprétation, comment chacun trouve-t-il sa place ?
N : C’est moi qui gueule ! Comme Gainsbourg avec Birkin.
A : Ce qu’aime Nicolas chez moi, ce n’est pas la chanteuse lyrique sauf pour les chœurs, il aime la chanteuse mezzo-voce.
« Empire » a quelque chose de très cinématographique ; Arielle réalisant également des clips et des films, avez-vous pensé à mettre tout ce disque en images en suivant un scénario ?
A : Oui, bien sûr.
N : Ça aurait même pu mieux marcher sur « La Rivière Atlantique » mais nous l’avons fait après avec « Alien Crystal Palace ». Pour « Empire », Arielle voit un clip par chanson. Elle y pense tout le temps à cette idée de film.
A : Un cosmos lié aux harmonies, à nos voix, à l’histoire inconsciente qui est dans chaque morceau.
N : Pour les clips, Arielle me demande encore plus de précisions sur ce que j’ai voulu dire et je n’aime pas donner des explications !
A : Pour le clip de « Humble Guy », il fallait que je cerne de quelle humilité Nicolas parlait car l’humilité est une vertu extraordinaire et je voulais être précise pour ne pas trahir l’essence même de cette chanson.
N : Pour moi, ces humble guys sont les êtres politiques les plus humbles qui se sont faits éclatés à coups de dague. Je pense notamment à Mendès France, Delort, Rocard, Ayrault…
N : Au départ, j’avais écrit ce titre pour parler de la menstruation et pour parler plutôt de féminisme mais ensuite, Arielle a donné une autre dimension à cette chanson.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
N & A : Tout !
A : Nous sommes des opposés mais nous créons un vrai magnétisme. Il y a une vraie altérité chez nous. C’est comme en musique, les contrepoints ; ce sont les notes en harmonique qui créent l’harmonie.
Seriez-vous déjà partants pour un troisième acte musical conjoint ?
N : Pour l’instant, j’aimerais faire un album tout seul en français mais nous sommes sur la piste d’un film.
A : Et ce film serait très musical.
N : Il y aura donc, de toute manière, une bande originale de ce film.
Dans une suite grandiose, moulures, moquette et style napoléonien, les deux artistes ne mâchent pas leurs mots sur ce drôle de monde 2020.
« Grâce à l’enfermement, nous sommes au septième ciel avec un ciel tourmenté. Invisible, plus bas. » L’interview d’Arielle Dombasle vient tout juste de débuter et sa parole tend déjà vers une hauteur vertigineuse. Dans la suite Impériale de l’hôtel La Réserve (118 mètres carrés, 5 900 euros la nuit), elle est accompagnée du stratosphérique Nicolas Ker pour défendre leur second album en duo, « Empire », qui sort ce vendredi 19 juin chez Barclay.
Un disque diaphane, comme les rayons qui transpercent le salon napoléonien avec vue sur la tour Eiffel et le Grand Palais lors de cet entretien à deux pas des Champs-Elysées, à Paris. Ces musiques sont bercées d’une production orchestrale et organique et, contre toute attente, après les nombreuses interrogations suscitées en 2016 face à la réunion de ces deux opposés pour l’album « la Rivière Atlantique », cela fonctionne. Quelques semaines après le confinement, qui nous a (chanceusement ?) poussé à se retrouver dans ce décor démesuré, les deux âmes se livrent, sans limite.
Nicolas Ker, pour évoquer, outre la musique, sa tendance à s’autodétruire, l’assassinat devant ses yeux de sa famille par les Khmers rouges, mais aussi son dégoût chaotique pour l’être humain. Arielle Dombasle est, elle, en apesanteur pour évoquer la révolution de notre époque, l’écologie, les arts ou la mythologie grecque. L’occasion, évidemment, de parler de politique. Ils ne partagent pas tout, mais sont, au final, d’accord sur tout. Ces deux fragiles se complètent comme « les notes enharmoniques qui créent l’harmonie ». Entretien croisé.
En 2016, beaucoup disaient de votre union musicale qu’elle était un « coup de com ». On vous comparait même à « la Belle et la Bête ». Avec « Empire », sorti ce vendredi 19 juin, cela ne fait plus aucun doute : vous vous comprenez vraiment musicalement.
Nicolas Ker. Merci. Personnellement, j’aime autant le deuxième album que le premier. Il n’y a jamais eu quelque chose de marketing entre nous. A la base, nous étions des amis. Jamais Arielle ne m’a dit : « On fait un album ensemble ou autre. » Ce n’est pas du tout comme ça que cela s’est passé. Cela s’est fait naturellement.
Arielle Dombasle. On a commencé, il y a six ans, pour accoucher en 2016 de « la Rivière Atlantique ». On a aussi fait beaucoup d’images. Un film dont il a composé la musique, « Alien Crystal Palace ». Nicolas a aussi composé de la musique pour des films dans lesquels je jouais. Et puis ce deuxième album. Là, on a été peut-être dans des conditions un peu plus optimisées puisqu’on avait un vrai studio et que c’était produit par Barclay. Cela a peut-être changé la donne à ce niveau. On avait plus de temps en studio et on a eu plus d’aisance. La première fois, nous étions produits par la Pan European Recording, qui est le meilleur producteur mais très underground.
N.K. Je ne pense pas. C’est l’invention de base de toutes les compositions qui le rendent comme ça. En fait, « Empire », cela devait être juste mon album solo. J’étais en train de bosser dessus pendant « la Rivière Atlantique ». Et j’ai basculé dessus dès qu’on a fini notre premier album. J’ai eu l’idée de demander à Arielle de venir nous aider à désembourber ce projet. J’ai changé radicalement les choses à ce moment précis pour imaginer ce chapitre comme un duo. De toute façon, j’avais enregistré l’album et on m’avait perdu les premières bandes. C’était l’enfer.
A.D. Il y a eu plein d’accidents de création et de recherche. Et puis, on a beau avoir eu les merveilleux studios de Barclay, il y a eu aussi tous les studios pourris, entre nous et les musiciens. C’est comme ça que s’élabore la musique.
Quel serait, selon vous, le fil d’Ariane de ce second chapitre musical ?
N.K. Les hôpitaux. Ou, du moins, il a été composé entre mes nombreuses visites dans les hôpitaux, à cause de mes excès en tout genre. Ce sont ces allers-retours qui ont rythmé l’écriture et la composition. A l’hôpital, c’est horrible. On est attaché au lit, on ne peut pas fumer une clope, pisser tranquille…
A.D. La chanson « Just Come Back Alive » est par exemple très liée au fait que Nicolas est très souvent borderline, dans l’excès, entre la vie et la mort. C’est une position dans laquelle il se retrouve vraiment.
N.K. Je suis suspendu entre le ciel et la Terre. Voilà.
Tel un ange déchu…
N.K. Non, car l’ange déchu est sur Terre. En réalité, moi, je flotte entre ces deux mondes. « Empire », c’est la Terre finalement, la glaise, la matière. Pour moi, ce monde est une prison ordonnée. Pour Arielle, c’est différent, elle trouve cela très gracile. Moi, je suis dans un sable mouvant. Pendant qu’elle gambade sur la piste, avec les gazelles, à côté.
A.D. Sûrement quelque chose comme ça, Nicolas… Quand vous parlez d’« Empire », cela vient de Philip K. Dick [écrivain américain, l’un des auteurs de science-fiction les plus influents du XXe siècle, NDLR]. C’est assez ésotérique, métaphysique, dans sa forme. C’est ancré dans l’idée que le corps devient une prison, ou non. C’est une pensée très moderne.
Une idée très actuelle, en effet, avec le confinement que nous venons de vivre pendant plusieurs semaines en France.
A.D. Absolument… Les gens dans cette période, et pour beaucoup d’entre eux, sont entrés dans la tragédie pour la première fois. Ils ont pensé à la mort ou l’ont vécue. Tandis que pour Nicolas, c’est quelque chose qui lui est familier.
Tristement familier, même. Vous êtes né d’un père français et d’une mère cambodgienne. Vous aviez 4 ans lorsque votre famille maternelle a été exterminée devant vos yeux par les Khmers rouges qui débarquent à Phnom Penh. Est-ce quelque chose qui vous marque toujours au fer rouge aujourd’hui ?
N.K. Vous savez, j’ai perdu ma langue natale en une nuit. C’est quand même étonnant. Je ne m’en rends pas compte, mais je pense que je suis toujours en plein PTSD, syndrome de stress post-traumatique, vécu par certains soldats qui reviennent du front. Même si je le raye de mon moi intérieur, tout ça continue à jouer dans mon inconscient. C’est reptilien, en fait. C’est ce qui me donne ce côté autodestructeur, avec d’autres choses.
On pense souvent, dicté par les arts, la littérature, la musique et les génies qui les composent, qu’un côté autodestructeur devient romantique.
N.K. Non, non, non. Quand j’étais jeune, oui. Et c’est souvent le cas à l’adolescence. Mais plus à mon âge. L’alcoolisme n’a rien de romantique. Cela fait mal. Juste très mal. Ce n’est plus que de la souffrance et des hôpitaux. Je suis un poète maudit, mais après c’est cinq jours d’hôpital, avec des perfusions partout, à se pisser dessus, il n’y a rien de comique. Cela fait vingt-cinq ans que je pense à la mort tous les jours à cause de l’alcool et de mon alcoolisme. Quand on voit que même Mötley Crüe et les Guns N’Roses ont raccroché, c’est dire. Quand ils arrivent à mon âge, 49 ans, ils se calment car sinon ce n’est plus possible.
[Sans transition, des cafés arrivent pour Arielle Dombasle et moi. Un café calva pour Nicolas Ker.]
A.D. Voyez cette jolie employée, obligée de porter son masque en nous servant des cafés… C’est insupportable ! Je ne peux pas m’ôter de l’idée que ce sont des bâillons, comme une muselière. Le visage de l’autre est la chose la plus miraculeuse qui existe sur la Terre. On ne sait plus si les gens sourient. S’ils sont tristes ou au bord de la mort. On ne peut quand même pas tout dire par les yeux, ce n’est pas vrai. Je déteste cet hygiénisme.
Mais c’est indispensable en cette période Arielle… Est-ce que cela vous a permis d’expérimenter d’autres choses ? De réfléchir différemment ? Pas pour vous, Nicolas, puisque vous êtes une sorte de vampire vivant la nuit et déconnecté du temps depuis des années.
A.D. Non, pas du tout. Cela n’a pas changé un iota de ce que je suis. La seule chose, c’est que j’ai désobéi, une fois de plus, et je suis allée me promener à minuit dans un Paris vide. Je suis allée dans les parcs interdits, aussi, et voir Nicolas. C’est ce que j’ai obtenu au cours de mon existence : la liberté en guise d’extase.
J’ai passé ma vie à ouvrir la cage des oiseaux, à sortir des animaux qui étaient dans des cages, à faire en sorte que les animaux et l’animal humain soient libres. Je me suis engagée depuis toujours auprès d’associations comme PETA. Depuis que j’ai ouvert les yeux sur cette planète, je me suis sentie très proche du règne animal, très proche du règne végétal, très proche aussi des gens qui étaient autour de moi. Même si je me suis toujours sentie étrangère partout. Mais j’avais l’idée d’ouvrir les portes. Pour moi, l’enfermement est quelque chose d’archaïque et de barbare.
Nicolas, pensez-vous que cette époque soit propre à la révolution ?
N.K. Pas en Occident, car on se comporte plutôt bien. Les gens sont plutôt civilisés. Après, si vous voulez me parler d’écologie, par exemple, je m’en fous complètement.
C’était l’idée, oui…
N.K. Si l’être humain disparaît de la Terre, cela ne sera pas une grande perte. Voilà mon avis. Il ne faut pas oublier que nous sommes des singes débiles. Même sans nous, il y aura toujours des poissons, toujours des oiseaux, toujours des insectes… L’écologie ne doit pas être centrée sur l’homme. Il faut arrêter les délires. Il y a des millions d’espèces animales, il n’y a pas que l’homme que je sache ? Donc si l’homme disparaît, on s’en fout ! C’est un pet dans l’histoire.
La race humaine est une sorte de dictateur nul, le prédateur ultime. Il n’a aucun ennemi si ce n’est lui-même. Si l’humanité disparaît, ce n’est pas la fin du monde ! Au contraire les coraux se porteraient mieux. Nous ne sommes pas les flics de toute la planète. Et plus l’homme disparaît vite, plus je suis content.
A.D. J’entends ce que vous dites Nicolas, mais je ne vois pas les choses comme ça. Selon moi, c’est comme dans la mythologie grecque. C’est-à-dire Epiméthée qui crée tous les animaux de la Terre. Et Prométhée qui a donné à l’animal humain, le feu et les arts de la guerre. L’homme a commis et commet le péché de se croire immortel et de se croire supérieur à toutes les autres espèces. Mais je crois à la réparation de notre planète. L’être humain est une espèce de miracle, que vous l’aimiez ou pas.
Il y a pourtant des combats à mener en matière d’écologie, malgré votre vision chaotique Nicolas…
N.K. Ce qui me dégoûte ? Comment il se comporte avec ses semblables. Depuis que cette idée a germé dans le débat public, il pourrait, pour seul exemple, avoir mis en place le revenu universel. Quand on pense à toutes les ressources que nous avons à portée de main, grâce notamment à la robotisation, non, ils préfèrent continuer à se la jouer perso. C’est un être d’une mesquinerie et d’une veulerie sans nom.
La redistribution des richesses est donc centrale pour révolutionner notre modernité ?
A.D. Je le pense, oui ! Nous devons tendre vers le mieux.
N.K. Oui, mais pas à la manière des communistes. Car j’ai vu ce que cela a donné : mes parents se sont fait buter par Pol Pot. Le communisme, ça n’a jamais marché. Il y a toujours une classe dirigeante qui censure et qui fout les gens en taule. Après, quand on voit que 1 % de la population mondiale possède plus que les 99 % restants, c’est révoltant. C’est une connerie aberrante et ignoble. Je les vomis. Ni capitalisme, ni communisme.
Pour vous résumer finalement, Nicolas : « Homo homini lupus est » (« L’homme est un loup pour l’homme »). Ceci est également tristement vrai avec la mort de George Floyd, qui a ravivé depuis plusieurs semaines aux Etats-unis, mais aussi dans le monde, les débats sur le racisme.
N.K. Oui, comme vous le dites : aux Etats-Unis. C’est propre à eux. Ou en Amérique latine, avec les autochtones, les Incas. En France, nous n’avons pas le même genre de problèmes. Les théories d’Eric Zemmour, de Marion Maréchal, celle du « grand remplacement », ne font pas florès. La grande majorité des gens ne votera jamais pour quelqu’un qui pense comme ça.
A.D. Dans l’histoire du monde, il y a toujours eu les conquérants et les conquis. Il y a toujours eu la peur de l’étranger, la peur de ce qui ne vous ressemble pas et donc c’est un ennemi a priori. Je ne l’approuve pas du tout, bien au contraire, mais c’est ainsi.
Il est assez déstabilisant de voir à quel point votre amitié est dichotomique, à la manière du yin et du yang qui se complètent.
A.D. Notre duo, c’est de la nitroglycérine. Nous sommes les opposés qui s’attirent. Comme en musique, nous sommes les notes enharmoniques qui créent l’harmonie. Si nous sommes toujours sur les mêmes notes, cela ne marche pas. L’harmonie, c’est le contrepoint.
N.K. Je n’y ai pas vraiment pensé, mais toutes ces chansons sont faites pour jouer en concert. Ce que je fais, c’est du rock’n’roll. Ce n’est pas de la musique d’avant-garde. Après, pour vous répondre : on jouera dans des petites salles et on commence notre vraie tournée dans des salles plus grandes en janvier.
N’y a-t-il pas un certain ego trip à vouloir jouer devant le plus de monde possible quand on fait de la musique ?
N.K. Je m’en fous complètement. Je peux jouer devant deux personnes : du moment qu’elles sont contentes, je suis content.
A.D. Pareillement ! Du moment que notre musique les émeut, c’est l’essentiel.
Il faudra réinventer l’industrie musicale face à cette crise du Covid-19. Quels sont les défis à relever ?
N.K. L’industrie musicale est morte depuis longtemps. Parfois, je passe un an et demi sur un album et je touche 30 euros en retour. Plus personne n’achète de disques. Personne autour de moi ! Par contre, il y a des personnes salariées dans ce secteur qui vivent très bien de gens comme moi.
A.D. C’est vrai, Nicolas a fait des disques en solo admirables, et quelques fois il reçoit des chèques de 40 centimes en droits d’auteur. Et ce que vit Nicolas n’est pas un cas isolé. Loin de là.
La rafle du streaming, en quelque sorte…
N.K. Voilà ! Tout le monde écoute ce que je fais sur YouTube. J’obtiens 500 000 vues, gratuites. Mais personne n’achète mes disques. C’est ce qui fait vivre un musicien ! Par exemple, Deezer Premium, c’est un abonnement à 9,99 euros par mois qui donne accès selon eux à 56 millions de titres. Eux, ils ont tout mon catalogue. Et je touche exactement et officiellement 0,0035 centime par écoute. Et ça, c’est si j’ai tous les droits, c’est-à-dire que je suis auteur-compositeur-interprète… Il n’y a pas un problème sans déconner ? Deezer et les autres n’en ont rien à foutre de nous.
A.D. Les Gafa sont les nouveaux pouvoirs impérialistes, voilà. Le pouvoir absolu.
Place à l’Empire rêvé d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker où les douze titres qui composent l’album forment un « bijou d’une beauté musicale évidente » (Laurent Goumarre, France Inter).
En juin, retrouvez Arielle Dombasle et Nicolas Ker en couverture du magazine Technikart !
Nicolas Ker et Arielle Dombasle, auteurs du somptueux Empire, vivaient déjà dans un espace-temps parallèle. Et si nous profitions de la promesse d’un monde nouveau pour les y rejoindre ? Rencontre lunaire.
On ne s’est pas embrassés, mais c’était tout comme. En retrouvant Arielle Dombasle et Nicolas Ker dans ce studio photos de la Mairie de Clichy à la mi-mai, ces derniers mois de mise à distance s’effacent d’un coup. En un bonjour chaleureux, c’est le retour à l’anormale. Les gestes barrières ? Très peux pour nous ! Le crooner post-apocalypse et la chanteuse lyrique sont là pour nous parler de leur nouvel album à deux. Première impression : en ayant traversé un Paris terrorisé par les mesures sanitaires, celle d’être en présence de deux dangereux punks. Tant mieux. Nous tentons de leur dire tout le bien que nous pensons de cet album, Empire, écouté en boucle ces dernières semaines. De ses orchestrations dignes du Ocean Rain d’Echo and the bunnymen. Du mariage de leur voix, par moments Cave et Kylie, par d’autres, Nancy and Lee. Un grand disque élégiaque venu à point nommé pour nous accompagner dans ces mois troubles. Mais nos deux étoiles ont d’autres priorités. À commencer par : comment faire pour cloper pendant son interview dans un monde sans terrasse ?
Ce confinement est mal tombé : vous deviez sortir Empire, vous répétiez pour le live… Nicolas Ker : Avec notre groupe, où il y a Mark Kerr, Henri Graetz au violon et Arnaud Roulin aux claviers, ont fait un boucan incroyable ! On termine par une reprise du Velvet, « Sister Ray ». Ça dure quinze minutes : pendant cinq minutes, Arielle chante du Guillaume de Machaut par-dessus ; puis c’est dix minutes de noise et de disto… Le public d’Arielle, les gens qui ont entre 7 et 77 ans, ils sortent en disant : « Enfin on voit du rock’n’roll ! » Il ne faut pas oublier qu’ils ont connu les Doors, les Stooges… (Arielle et Nicolas allument des cigarettes.)
Pardon, on ne peut vraiment pas fumer ici… Arielle Dombasle : Qui a dit ça ? Ne vous inquiétez pas : personne ne nous verra. Et si on nous surprend, dites que nous sommes des têtes brûlées – ça va bien avec la cigarette.
Aux Grosses Têtes, vous êtes entre têtes brûlées, non ? NK : Hélas, Bénichou est mort ! AD : Il avait cet esprit fou, cette espèce de férocité, aucune forme d’autocensure, alors que tout est tellement censuré partout. Le politically correct a tout envahi. NK : Le puritanisme a tout envahi, je le savais ! Dès que le porno est apparu sur internet, je le disais : dans cinq ans, il va y avoir un backlash… Le porno était tabou avant, c’était initiatique ; aujourd’hui tout est à disposition, sous la couverture du puritanisme.
C’est pareil pour la musique ? NK : La musique maintenant c’est débile ! AD : Il n’y a plus que des fakes, Nicolas est le dernier des rockeurs. NK : Je suis comme Sinatra ! Sinatra pleurait vraiment quand il chantait.
Avant toi, Nicolas, il y avait qui ? Daniel Darc ? AD : Oui, Daniel Darc était le dernier, il incarnait vraiment sa musique, il n’y avait pas de pose. NK : Il prenait ce qu’il disait au premier degré. Pas comme Christophe. Lui ne me comprenait pas. Il avait demandé ça à sa manageuse un jour, dans sa loge : « Qu’est-ce qu’on fait de Nicolas Ker ? »
N’est-ce pas une question que se posent beaucoup de gens quand tu es dans une loge ? NK : Je ne vais pas dire du mal de Christophe, le pauvre, mais c’était un entertainer. Il a fait des grands disques, mais il ne croyait pas une seconde à ce qu’il chantait, alors que Sinatra lui y croyait. AD : C’est pour ça qu’il provoquait l’hystérie : au cœur de ce timbre de velours, il y avait la vérité. NK : Exactement ! Moi pareil : à l’époque de Poni Hoax, les premiers rangs étaient en larmes !
Un rockeur doit être un agneau sacrificiel ? NK : Pas forcément. Mais il faut chercher en soi les ressources… AD : Il faut être habité. NK : Hanté ! AD : Habité corps et âme et sang.
Toi, Nicolas, tu as trouvé ça chez Arielle ? NK : Elle est dans l’entertainment. AD : Je suis plus a performer. J’ai une trajectoire plus classique : des heures et des heures de solfège et de travail sur la voix – la voix est comme un animal qu’on a et qu’il faut dresser. NK : Vous avez trop fait de films, Arielle ! Vous êtes une actrice ! Je ne suis pas un acteur, moi. Je me fais seppuku sur scène. AD : C’est pour ça qu’il est tout à fait un personnage de Mishima. Et puis il a cet excès dionysiaque. NK : Pas tellement, Arielle… AD : Quand même, si. Énormément. La moitié de l’album a été conçu dans les hôpitaux quand vous faisiez vos rehabs. L’hôpital est un de vos lieux. NK : C’est insupportable, l’hôpital !
Inspiré par Philip K. Dick, David Bowie, Jim Morrison et Nick Cave, cet album est le produit d’une alliance bizarre rock et baroque. L’Empire, c’est Malkuth, le monde matériel, « le stade ultime de la forme dense et palpable », « le lieu où force et forme se dégradent et se rompent », explique Ker. Dans leur dernier clip, « Humble Guy », ils explorent ce concept à fond. Lors d’une déambulation nocturne, la peau d’Arielle se fait plastique quand elle se transforme en poupée gonflable sexy. Captivant.
« Je suis écologique depuis toujours ! J’ai vécu au Mexique en tant qu’enfant et j’ai passé ma vie à sauver des animaux. J’adore nager ! C’est pour moi une des grandes sources de bonheur dans l’existence et je me suis aperçue que partout où j’allais, les plastiques avaient envahis la beauté du monde… Je me suis donc mise à les ramasser depuis plusieurs étés ! C’est un geste assez simple ! »
« Cet album Empire, c’est post-électro ! C’est anglo-saxon à mort ! […] Mais là, ces nappes électros, un très joli ourlet entre vos voix à tous deux et puis de très belles mélodies. Pour tout vous dire, vous m’avez franchement épaté vous et vos musiciens ! C’est vraiment un bel album ! […] Musicalement, j’ai vraiment été épaté ! »
Un album qui n’a pas laissé Christophe Ono-dit-Bio indifférent :
« ‘Empire’ est très , très beau. Les cordes sont magnifiques ! C’est très érotique, très décadent ! Cet album est un oxymore : on prend deux mots contraires qui produisent un troisième élément, comme dans l’alchimie, encore plus beau que les deux autres… »
Je vous avouerais que je me suis dit – bien sûr que Paris, l’architecture, la beauté de la ville est étincelante – “mais mon Dieu, quelle horreur d’être tout seul dans une ville!” Ce qui est intéressant, dans la vie, ce sont les autres. Arielle Dombasle
La distanciation sociale, pour un artiste, il n’y a rien de pire!
Arielle Dombasle
« C’est des années de travail, d’élaboration, alors c’est de l’herbe coupée sous le pied! Tous les concerts sont annulés, toutes les manières de communiquer sont annulées, tous les journalistes sont confinés, toutes les salles de concert sont fermées, tous les cinémas sont fermés, tous les théâtres sont fermés, les danseurs ne peuvent plus danser… c’est abominable!« , lance-t-elle.
Une cantatrice pop et un crooner punk à la tête d’un Empire ? L’idée paraît folle, pourtant c’est bien ce qu’incarne Arielle Dombasle et Nicolas Ker, qui se retrouve une fois de plus sur la même affiche, après leur précédente collaboration sur La Rivière Atlantique.
Une nouvelle collaboration dont on a déjà pu apprécier la beauté avec le premier single « Just Come Back Alive » taxé de prophétique par la critique. Le duo dévoile ce jour une nouvelle vidéo pour le 3ème single « Humble Guy » dans lequel on découvre Arielle, exposée en combinaison sexy dans une vitrine de Montmartre, donnant la réplique à Nicolas qui patience sur le trottoir désert du Numero 19. A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre de ce duo détonant, qui a bien voulu nous faire quelques confidences autour de cet Empire.
Une cantatrice pop et un crooner punk à la tête d’un Empire ? L’idée paraît folle, pourtant c’est bien ce qu’incarne Arielle Dombasle et Nicolas Ker, qui se retrouve une fois de plus sur la même affiche, après leur précédente collaboration sur La Rivière Atlantique.
Initialement prévue le 24 avril dernier, la sortie de votre album a été repoussée au 19 juin prochain, un peu déçus ?
Arielle : Nous sommes dans une nasse mondiale il n’y a pas à être déçus ou pas c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que les écoles les églises et les théâtres sont fermés.
Nicolas : Pas vraiment, le temps n’est qu’une constante fracturée.
Les conséquences sont désastreuses pour l’industrie de la musique avec les concerts qui ne sont pas prêts d’avoir lieu tout de suite. Tout cela vous fait craindre le pire pour la suite ?
Arielle : Le pire n’est pas toujours sur heureusement notre concert à la maroquinerie le 17 septembreaura toujours lieu.
Nicolas : Je suis désespéré par nature, mais également optimiste.
Quel est le secret de votre collaboration, puisque c’est la 2ème fois que vous travailler ensemble après « La rivière atlantique » ?
Arielle : La coïncidence des inconsistents.
Nicolas : On s’entend bien, certainement.
Comment s’est organisée la composition du disque entre deux têtes fortes que vous êtes ?
Arielle : Nicolas compose, écrit, nous avons de longues séances de studio avec nos merveilleux musiciens de groupe. L’inspiration et l’harmonie s’installe.
Nicolas : J’ai écrit et composé l’album, Arielle a géré la logistique, et nos goûts communs ont achevé l’ouvrage.
Le titre de l’album a été trouvé d’un commun accord ?
Arielle : Non c’est Nicolas qui a eu depuis toujours l’idée de ce titre qui résume et symbolise son rapport au monde.
Nicolas : Je l’ai trouvé il y’a longtemps, je ne me souviens même plus pourquoi.
Après le prophétique « Just Come Back Alive » et « Le Grand Hôtel », « Humble Guy »est le troisième extrait de l’album Empire qui paraîtra le 19 juin. Les voix d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker sont à nouveau en parfaite symbiose sur cette ballade rock mid-tempo. Un titre au groove sensuel et magnétique, idéal pour des jours à venir que l’on espère un peu plus libres… Le clip, réalisé par Arielle Dombasle, propose une ballade dans un Paris secret, interlope… où les deux artistes se rencontrent dans les situations ludiques et mystérieuses de la nuit. Il est en effet question ici de se mêler à la lumière magnétique des néons, aux corps libérés des contraintes du jour. Les jeux, les fantasme, tout est permis au « Humble Guy » et à sa muse nocturne. Et toujours, l’élévation comme but ultime de ces nuits électriques.
Pré-enregistrez l’album Empire sur toutes les plateformes d’écoute et pré-commandez l’album en CD ou vinyle pour le recevoir dès sa sortie le 19 juin prochain :
Musicalement, vocalement mais également au niveau des textes, tout séduit sur « Empire » qui possède énormément de classe.
Nicolas Ker qui a écrit et composé l’intégralité de ce nouvel opus a vraiment créé une œuvre exceptionnelle et passionnante ; « Empire », c’est du velours pour les oreilles, c’est grand, c’est somptueux, c’est royal mais parfois les grandes créations peuvent paraître inaccessibles et ce n’est pas le cas de cet album qui a de quoi plaire à un large public amateur de Rock de qualité.
« Empire » est un disque qui touche par sa beauté artistique et l’alliance des deux voix est indéniablement un point fort et essentiel de cet album et nous espérons déjà pouvoir retrouver très rapidement les deux artistes sur un prochain projet commun car ces deux-là se sont bien trouvés.
Arielle Dombasle et Nicolas Ker étaient les invités d’Emmanuelle Klein sur Fréquence Protestante pour la sortie de leur nouvel album Empire le 19 juin.
Arielle Dombasle, entre culture et underground, sort un nouvel album avec le chanteur Nicolas Ker.
Cette semaine Arielle Dombasle est au micro de « Crooner and Friends » et avec elle, nous inaugurons le déconfinement radiophonique puisque nous sommes allés physiquement à leur rencontre, son partenaire musical et elle, dans le cadre raffiné de l’hôtel la Réserve, à deux pas du studio Gabriel si cher à Michel Drucker et de l’Elysée, si cher à ces hommes d’exception que sont les présidents de la République, mais si, réfléchissons bien, stricto sensu, ils sont des gens d’exception. Il y a aussi des gens bougrement intelligents, incroyablement talentueux et pourtant non reconnus du grand public, c’est le cas de Nicolas Ker, artiste underground, crooner néo punk, parisien d’origine vietnamienne, fils d’une noble famille, hypra cultivé et surréalistement créatif.
De son côté Arielle Dombasle est elle aussi, une femme incroyable et inattendue : fille de très bonne famille, cultivée, elle ne vieillis pas, avec sa taille mannequin « high fashion », son parcours n’est jamais celui qu’on crois : après avoir fait la coco girl, après avoir donné le change à ppda, après les grosses têtes ou encore une série d’albums vintage, néo swing et mambo, la voici partie dans une aventure underground avec la chanteur, compositeur interprète Nicolas Ker, personnage aussi attachant qu’indomptable.
Admiration, attachement, folie, tout semble lier ces deux créatifs, la diva blonde et l’artiste sombrement vétu, petit foulard, cheveux noir de jai, toujours prêt à dire non, faisant fi de toute complaisance médiatique, un vrai métier.
Fort heureusement, la très sociable et délicate Arielle sait reprendre son fougueux partenaire pour contribuer a créer un monde délicieusement joyeux, à la fois léger, aérien et cultivé.
Une occasion également, dans Crooner and friends, de passer en revue, les expériences musicales d’Arielle Dombasle, ainsi nous écouterons un album néo rock à billy, ou Arielle nous parle de l’art de la démarche Italienne, tellement délicieux, tellement imprévisible, c’est aussi ça le charme de Crooner et en attendant de les retrouver dans ce très joyeux rendez-vous, chaque jour de la semaine à 8h15 et 18h15, on écoute Arielle Dombasle, animatrice de radio, pour vous présenter son œuvre…
L’édito Madame : sauver les sirènes par Arielle Dombasle
La Petite Sirène, d’Andersen… Le conte qui, enfant, entre deux sanglots, me fit deviner l’éblouissement et les souffrances de l’amour… Cette sirène à la voix d’or et au cœur pur, qui s’éprend d’un humain – un être d’un autre règne – et qui va tout faire pour sortir de son royaume des mers – marcher, chancelante, sur la planète Terre – et tout faire pour éblouir son prince.
Elle reste mon héroïne préférée. Je me souviens du jour où un ami de mes parents s’est mis à m’appeler Arielle, la Petite Sirène – j’eus l’impression d’entrer dans le conte de fées…
J’ai toujours aimé nager. Lacs, rivières, sources, mers et océans : j’ai passé mon temps dans l’eau, sous toutes les latitudes. Au fil du temps, j’ai observé l’altération de la beauté et de la pureté de l’eau, la dégradation lamentable des fonds marins, de la faune, de la flore et de tout l’écosystème. Les berges et les plages envahies de détritus de toute espèce, notamment de matière plastique : une réalité qui me révolte.
Pouvait-on imaginer des astres plus dépareillés que le punk-vampire de Poni Hoax et la cantatrice excentrique ? Pourtant, leur collision fait encore des étincelles sur ce nouvel album où new wave et balades surannées ouvrent les portes d’une galaxie élégante et barrée.
Empire d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker (Barclay/Mercury)
David Bowie, The Cure, Joy Division et surtout Nick Cave ont inspiré Empire, notre nouvel album. J’ai la chance de me situer à un carrefour de musiques très vaste. Mes parents étaient très mélomanes : de Nat King Cole, Frank Sinatra ou Charlie Parker à Ravel, Purcell ou Bach. J’écoute constamment de la musique relativement à mes projets. Quand j’ai fait Amor Amor, j’ai repris tous les boléros, calypsos, rumbas… Les pépites de mon enfance passée au Mexique. J’ai pratiqué aussi l’art du bel canto, rendu hommage aux « American golden years »…
La danse classique apprend à vous situer dans le temps et le mouvement. J’en ai fait dix-huit ans. J’ai été l’élève de Rosella Hightower et ma mère, celle d’Isadora Duncan. Une de mes grandes révélations fut le chorégraphe William Forsythe. J’aime en lui le côté tribal, cette imagination esthétique extrêmement précieuse et baroque à la fois. Je suis également fan des comédies musicales de l’âge d’or américain, Chantons sous la pluie de Stanley Donen ou Les Chaussons rouges de Michael Powell. Ginger Rogers, Cyd Charisse et Fred Astaire étaient sublimes, et Gene Kelly inventait une manière nouvelle de danser le réel.
Le churrigueresque, c’est le baroque ultime. Ce style m’a énormément imprégnée lorsque j’allais à l’église au Mexique. L’architecture du Grand Siècle français est aussi un sommet de beauté. J’adore les musées intimistes comme celui de Gustave Moreau à Paris. Tout est merveilleux dans l’uni- vers de ce symboliste. Je retournerai aussi dès que possible au musée Cernuschi pour découvrir ses nouvelles salles. J’ai des objets provenant des collections de mon grand-père, qui fut consul de France aux Indes dans les années 1920. Ce sont autant d’appels à la rêverie.
Ma grand-mère, Man’ha Garreau-Dombasle, était une poétesse étonnante, dans sa vie d’intellectuelle et de grande voyageuse. Son recueil Images, comme ceux de Rimbaud ou Baudelaire, compte parmi mes livres de chevet. J’aime aussi le romantisme noir chez Oscar Wilde, dont je rêve de mettre en scène la pièce Salomé. Les écrits libertins me plaisent également comme Point de lendemain de Vivant Denon, la littérature des femmes des XVIIe et XVIIIe siècles, Madame de Sévigné ou Julie de Lespinasse, et celles des grandes mystiques, Juana Inés de la Cruz ou Hildegarde de Bingen. Du côté américain, j’adore la « musique » de Fitzgerald, la lucidité blessée de Philip Roth ou la modernité rafraîchissante de Bret Easton Ellis.
Je ne suis pas une fashion victim. Oscar Wilde disait : « Rien n’est plus dangereux que d’être trop moderne, on risque de devenir soudain ultra-démodé. » En 2012, pour mon show Diva Latina au théâtre du Châtelet, Jean Paul Gaultier m’a habillée. Il était si difficile de se changer à toute allure, mais quel plaisir d’être magnifiée par cet enfant terrible de la mode ! Pour La Belle et la Toute Petite Bête, à l’Opéra- Comique en 2003, mon grand ami Vincent Darré m’a fait des costumes en plexiglas à la Matthew Barney. Extraordinaire… comme toutes mes aventures avec lui, au Crazy Horse ou dans mon film Opium.
Empire, le nouvel album d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker sort le 19 juin chez Barclay (Universal).
Pré-enregistrez l’album sur toutes les plateformes d’écoute et pré-commandez l’album en CD ou vinyle pour le recevoir dès sa sortie le 19 juin prochain :
La fantasque pensionnaire des Grosses Têtes, sur RTL, s’associe une nouvelle fois au chanteur Nicolas Ker. Le duo sort Empire, un disque ultra-romantique, précédé de deux vidéoclips. Explications chamarrées.
ULTRA-NOIR … « Cézanne disait que le noir n’existe pas. Même au creux du noir, il y a de la lumière. Pour moi, c’est la couleur de l’élégance, du rock et d’un certain romantisme gothique, à l’image de ce disque écrit par Nicolas Ker. C’est un vrai rockeur, avec tous les excès que cela signifie. Je l’ai souvent visité à l’hôpital, où certains titres ont été composés. Nicolas est un poète fracassé, plus proche d’Antonin Artaud que de Bono, du groupe U2. Il m’a fait découvrir la noirceur de Joy Division, de Robert Smith et The Cure, alors que je viens plutôt du classique : Bach, Purcell, Haendel… »
ROSE BARBIE…
« Ah, on m’attribue toujours cette couleur, mais je l’aime, ce gracious pink, acidulé, intense ! Il me plonge dans la joie de l’enfance, entre la France, le Mexique et les Etats-Unis : les poupées Barbie, l’univers pop de Marvel, le rose indien, Frida Kahlo, la mode… Une couleur toujours provoc, que j’aime utiliser en rouge à lèvres et, finalement, qui est assez présente dans mes placards. Je suis loin d’être une fashion victime mais, à portée de main, j’ai toujours 36 000 rubans roses. »
••• SE DÉLECTER D’UN BAIN CHAUD « C’est un rituel quotidien. Entrer dans un bain à la bonne température, c’est délicieux, et j’y reste aussi longtemps que je peux me le permettre, parfois en rêvassant, parfois en lisant. Cette langueur, ce calme, cette harmonie réconfortent autant le corps que l’esprit, ils sont comme un retour vers quelque chose qui réchauffe et protège, une thérapie voluptueuse. D’ailleurs, on dit qu’il faut donner un bain chaud par jour aux fous pour les apaiser.Je me souviens également d’un film que j’avais tourné à Khiva, en Ouzbékistan. J’étais logée dans un institut coranique avec pour chambre une minuscule cellule, mais l’équipe m’y avait gentiment installé une baignoire. »
••• S’AGITER EN PERMANENCE « Je suis hyperactive depuis l’enfance. Aujourd’hui, je suis toujours en train de remonter un clip, de me pencher sur les costumes, de penser à un prochain film… Comme on sait que la vie réserve des chagrins, je mets le plaisir au poste de commande. Cela passe par la création, l’amour… et les amis, que j’entraîne dans mes films expérimentaux, avec l’envie de toujours les magnifier, d’exalter leur talent, de dévoiler leur essence.Je leur suis aussi fidèle que je le suis à moi-même, à mes choix, à mes valeurs. Si je m’embarque dans une aventure professionnelle et que le résultat final n’est pas au niveau que je le prévoyais, je ne le regrette jamais. Je préfère trébucher plutôt que trahir mon enthousiasme. »
« EMPIRE » (Barclay/Mercury). Sortie le 19 juin. Pré-commandez ou pré-enregistrez Empire, le nouvel album d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker :
Arielle Dombasle était l’invitée d’Anne Roumanoff dans l’émission Ça fait du bien, diffusée vendredi dernier sur Europe 1. L’occasion pour la chanteuse d’évoquer la sortie de son nouvel album avec Nicolas Ker, Empire (sortie le 19 juin).
« Nicolas Ker a écrit une grande partie de l’album à l’hôpital. »
Arielle Dombasle.
Ecoutez l’émission en intégralité ci-dessous :
Empire, le nouvel album d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker qui sortira le 19 juin prochain, est déjà disponible en précommande :
« Ce qui me manque le plus, c’est chanter avec mes musiciens ! »
Arielle Dombasle.
Tout comme pour la grande majorité des français, les lieux accueillant du public manquent à Arielle Dombasle : « J’ai une nostalgie des bars, des cafés, des hôtels… » Des paroles qui font incontestablement écho au titre « Le Grand Hôtel »…
Plus de trois ans après «La rivière atlantique », Arielle Dombasle et Nicolas Ker se retrouveront sur l’album «Empire », qui sortira au mois de juin. Les deux artistes se confient en interview pour Pure Charts.
Après « La rivière atlantique« , qu’est ce qui vous a donné envie de collaborer à nouveau ensemble sur ce nouvel album « Empire » ? Lequel de vous deux était à l’origine de ce retour ?
Nicolas : Je comptais faire un album solo nommé « Empire », et un soir il m’a paru évident que nous devions le faire ensemble Arielle et moi, sans logique aucune.
Arielle : On ne peut pas parler de logique en effet mais d’évidence. C’est vrai, entre nous, c’est une évidence. L’écriture a commencé il y a trois ans, l’inspiration de Nicolas est toujours fulgurante et radicale. Je ne savais pas qu’il avait décidé ça en une nuit. (rires)
Sur « Just Come Back Alive« , on identifie des sonorités plus synthétiques et un peu moins « rock » que sur « Endless Summer » par exemple. Il faut s’attendre à un nouvel album plus électro ?
Nicolas : Non, je le sentais beaucoup plus rock.
Arielle : Oui sans doute plus électro façon trilogie berlinoise. C’est advenu en studio, lors des longues et géniales séances avec Mark Kerr et Jeff « Eat Gas » Dijoud en réalisateur, Henri-Philippe Graetz au violon et Arnaud Roulin aux claviers… Il y avait des séances new wave, pop gothique, psychédélique avec Nick Cave and the Bad Seeds, Robert Smith, Joy Division, Brian Eno sans oublier Ziggy Stardust le héros de Nicolas, en fantômes invités.
Vous aviez peur de vous répéter ?
Nicolas et Arielle : Absolument pas.
Arielle : Mais nos musiciens sont les mêmes depuis « La rivière atlantique« , « Alien Crystal Palace » et deux-trois bandes son de films all together.
C’est un projet écrit à quatre mains et chanté à deux voix. Lequel de vous deux inspire le plus l’autre ? Qu’est-ce que vous vous apportez réciproquement ?
Arielle : Non, c’est un projet à douze mains comme les douze apôtres du Christ. « It Takes Two to Tango », c’est un dialogue parfois muet entre nous deux avec toujours à l’unisson les mêmes exaltations, les mêmes transes et exigences. Communication à demi-mots et au quart de soupir, c’est copernicien pour Nicolas et transe tout court pour moi.
Il y a un titre en français sur « Empire », dont le nouveau single « Le grand hôtel« . Pourquoi avoir fait un pas de côté par rapport à l’anglais ?
Nicolas : Ce n’est pas, de loin, la première fois que j’écris en français.
Arielle : Ce titre a été composé par Nicolas quand il sortait de l’adolescence, un de ses tout premiers titres, je l’ai tout de suite aimé et c’était un peu miraculeux de le retrouver à des années lumières sur notre album Empire. Moi j’ai l’impression d’avoir chanté pour la première fois en français avec lui alors que Philippe Katerine m’a écrit un album tout entier que j’ai chanté avec jubilation, « Glamour à Mort !« , sans m’en apercevoir.
Votre album est un projet exigeant : mélancolique, poétique, quasi littéraire et rock, en décalage avec ce qui est populaire commercialement actuellement. C’est un obstacle pour toucher un large public ?
Nicolas : Je ne tente que des réaliser des œuvres intemporelles.
Arielle : On écrit, on compose, on chante, on fait des films pour ne faire battre qu’un seul cœur peut-être… mais qui battra à vous faire déchirer la poitrine. On entent souvent « votre musique, ça déchire » !
Nicolas, comment expliquez-vous que l’esprit de Poni Hoax vive à travers des collaborations actuelles comme avec Arielle, mais aussi les autres membres du collectif avec Alain Souchon, Charlotte Gainsbourg ou Camelia Jordana ?
Nicolas : Chacun fait ce qu’il peut et souhaite.
Une reformation du groupe est-elle prévue ?
Nicolas : Une reformation de Poni Hoax me semble improbable, même, si personnellement j’en serai ravi.
Arielle, on vous a entendue dans de nombreux registres musicaux mais de mémoire jamais sur des musiques urbaines. Aujourd’hui, on assiste à des collaborations étonnantes comme Nekfeu et Vanessa Paradis. C’est envisageable ?
Arielle :J’ai déjà chanté avec Mokobé qui fait partie de la musique dite urbaine, c’était si chouette cette rencontre transcontinentale. Il y en aura d’autres bien sûr… Moi vous savez l’histoire même de la musique c’est des crossover de styles et de rencontres. Il me semble que c’est la nature de la musique et sa vocation première.
Votre association évoque les Murder Ballads de Nick Cave où figurait le merveilleux duo «Where the Wild Roses Grow » avec Kylie Minogue. C’est d’ailleurs très frappant sur «Point Blank» du précédent album. La comparaison avec Nick et Kylie vous plait ? Que pensez-vous de leurs carrières respectives ?
Arielle : Je les adore tous les deux, leur rencontre était là aussi une inspirante évidence mais je ne réfléchis jamais en terme de carrière.
Nicolas : Une carrière est un endroit d’où on extrait du marbre ou du calcaire. (rires)
Après votre film «Alien Crystal Palace », est-il prévu de décliner «Empire » en projet cinématographique ?
Nicolas : Je travaille sur ma propre version de « Barbe Bleue ».
Arielle : Et moi sur une petite sirène revisited, peut-être que les deux projets se rencontreront dans un espace interstellaire. Who knows …
Vous aviez donné des concert pour «La rivière atlantique », notamment avec une résidence au Salo à Paris. Vous allez défendre ce projet sur scène à nouveau ?
Nicolas : Oui, définitivement.
Arielle : Oui bien sûr, les concerts prévus ont été stoppés à cause de l’enfermement mais ça va être intense et trans garanti.
« Empire est un album qui est extraordinairement romantique et exalté. C’est un album fait pour les grands solitaires, les vulnérables, les amoureux, les abandonnés… mais aussi pour les êtres sensibles ! »
Arielle Dombasle.
Une émission à écouter en intégralité ci-dessous :
Découvrez « Le Grand Hôtel » le deuxième extrait d’Empire, le nouvel album d’Arielle Dombasle & Nicolas Ker (sortie le 19 juin 2020) :
Exprimant une perte de repères et une forte solitude, le titre et le clip arborent des couleurs sombres et inquiétantes. Entre nostalgie et sensualité, la vidéo, réalisée par Arielle Dombasle, offre la vision en huis clos d’un monde nocturne et oppressant.
Malgré ses envies de liberté, la comédienne et chanteuse reste sage et s’occupe chez elle, entre musique, rituels et réseaux sociaux.
Fin janvier, elle était membre du jury du festival de Gérardmer, consacré au cinéma fantastique. Aujourd’hui, le monde entier vit un scénario de film d’horreur. Arielle Dombasle a la nostalgie de son séjour dans les Vosges. « Tout était encore gai. Mais il y avait Vivarium, qui racontait des individus prisonniers de leur domicile. C’était de la fiction. Là, nous la vivons en quelque sorte. » L’actrice et chanteuse, qui a « tendance à refuser les diktats », admet que l’idée du confinement lui a d’abord été pénible : « L’enfermement est une punition. Mais je suis sage et je m’y conforme. Il faut être responsable. »
Elle dit avoir refusé de quitter Paris « par solidarité » et garde le moral dans son appartement du centre de la capitale. « Comme la plupart d’entre nous, je pensais au début qu’il s’agissait d’une sorte de paranoïa généralisée, que ça durerait très peu de temps, que ce virus n’était pas plus grave qu’une simple grippe. Mais il est inconnu et pervers. Ce qui est nouveau, et très anxiogène, c’est de suivre le décompte des morts aux quatre coins du monde quasiment heure par heure. »
Pour ne pas se laisser envahir par la peur, Arielle Dombasle dit se préserver des chaînes d’information en continu, préférant regarder une fois par jour le journal télévisé. « Je me garde de la tyrannie de l’immédiat, comme l’écrit si bien Jonathan Curiel dans son livre [Vite !, cher Plon], que je suis justement en train de lire. » Pour s’éaérer, elle profite de son balcon. Le soleil entre par la porte-fenêtre, elle voit le ciel et des arbres. « J’ai aussi de la glycine et une rose à mon nom, « Arielle Dombasle », en boutons, raconte-t-elle. Parfois, une corneille vient me rendre visite et effraie mon chat, Little Siam. Lequel est ravi de m’avoir sous la main matin, midi et soir. Il commande et je m’exécute ! » Pour le reste, elle a essayé de ne pas modifier ses petits rituels. Elle continue de se lever tôt et de prendre « deux ou trois bains par jour ».
Dans ce moment suspendu, l’artiste multiple s’active, monte les clips extraits de son nouvel album pop-rock-électro réalisé avec Nicolas Ker, Empire (Universal/Barclay). A cause du Covid-19, sa sortie a été repoussée au 19 juin. Le premier titre, disponible sur les plateformes musicales, s’est révélé prophétique : Just Come Back Alive (« revenez juste en vie »). « C’est notre souhait premier, notre prière pour tous ceux qu’on aime. » Elle fait également ses vocalises, organise des FaceTime avec ses musiciens, tandis que Nicolas Ker l’initie à distance à des jeux vidéo sanglants ! Elle envoie aussi des cœurs à ses amis sur Instagram, regarde des documentaires animaliers ou une comédie musicale de Stanley Donen, divague sur Netflix et Canal+ pour rattraper son retard côté séries. Elle a ainsi adoré Downtown Abbey, Les Tudors et Mad Men et se dit tentée par La casa de papel et Validé.
« Les Grosses Têtes » et la mythologie grecque
Mais à l’heure de Pâques, la très catholique Arielle Dombasle se dit blesée par la fermeture des églises. « Parce que c’est le dernier refuge. Quand le pape a appelé à la prière collective, je l’ai faite. J’aimais l’idée dune communion planétaire simultanée. » Et puis elle écoute de la musique, des airs sacrés, des cantiques, des requiem, des spirituals. Mais aussi du rock, particulièrement britannique, le grand inspirateur de son album.
Ce qu’elle compte faire à l’issue de la crise sanitaire ? « Revoir mes amis, les embraser. Reprendre les répétitions avec mes musiciens avant mes concerts. Et nager, car l’eau me manque terriblement. Même si je me sens bien là où je suis, je rêve de la liberté retrouvée d’aller et venir. »
Stéphanie Belpêche
Sa Playlist
Le Pie Jesu du Requiem de Gabriel Fauré (1887-1901)
J’adore la musique sacrée, elle me transporte violemment. J’ajouterais l’Ave Maria, Le Miserere d’Allegri et la Messe en si de Mozart. Je suis née du classique, qui n’en finit pas de m’éblouir.
Heroes, David Bowie (1977)
Un titre complètement de circonstance. Nous sommes tous des héros modernes qui faisons preuve de résilience face au virus en acceptant de rester enfermés.
Skeleton Tree, Nick Cave and the Bad Seeds (2016)
C’est la dernière chanson de l’album déchirant du même nom, que Nick Cave a écrit après la mort de son fils. Je l’ai écouté en boucle pendant les trois ans de travail pour mon disque. Je pleurais tellement c’est beau.
Son livre confiné
Sur ma table de nuit, il y a un recueil de poésies composées par ma grand-mère, Man’ha Garreau-Dombasle. Je me replonge aussi souvent dans les classiques : Baudelaire éternellement, mais aussi Rimbaud, Verlaine, Saint-Simon, Molière ou les libertins du XVIIème siècle.
Vos enfances sont similaires. Arielle, vous avez grandi au Mexique. Nicolas, au Cambodge et avez tous deux emménagé en France à l’adolescence. Arielle, votre album Diva Latina est entièrement en espagnol. Nicolas, pour ce nouvel album (Empire), c’est la première fois que vous écrivez une chanson en français mais cet album en duo reste majoritairement anglophone. Est-ce que voguer entre plusieurs cultures, et plusieurs langues, permet de développer plusieurs personnalités ?
Nicolas Ker: Je tiens à signaler que j’ai écrit beaucoup de paroles en français, cela m’est aussi facile qu’en anglais ; par contre je préfère ma voix anglophone donc l’utilise quasiment systématiquement. Pour ce qui est des langages, chaque langue fait jouer différents circuits synaptiques : on perçoit le monde différemment suivant qu’on le pense en une langue ou en une autre, il en est de même pour nos propres émotions et sentiments. Ne commençons même pas sur l’impact singulier d’une culture comprise sur notre personnalité. Oui, je suis plusieurs.
Arielle Dombasle: Oui, je suis un oiseau passablement exotique. Il me semble que la situation étrangère est partout la meilleure. Je me suis toujours sentie au carrefour de trois cultures: la catholique baroque mexicaine, le Grand Siècle français, et le kinky kitsch américain.
Vos personnalités scéniques et médiatiques, ont fini par transcender pour chacun d’entre vous votre image (publique au moins). Façonnez-vous une certaine idée de l’artiste français.e ou est-ce l’inverse ?
A: Je me reconnais dans des inspirations paradoxales: Je suis une Autre, et française d’adoption.
N: Même si le rock’n’roll (une de mes inspirations primale) est d’obédience anglo-saxonne, je suis également saturé d’écrivains français. Il me semble être un artiste français s’exprimant en un autre idiome. J’habite ici.
L’Empire est ce que l’on bâtit, dirige, érige, puis dont on perd le contrôle puisqu’il nécessite d’être partagé d’une certaine manière pour exister. Le choix de ce mot pour votre nouvelle collaboration est-il une métaphore de l’album lui même ? Des carrières artistiques en général ?
N: L’Empire est le règne matériel, le Malkuth des kabbalistes, le Samsara bouddhiste. Je le considère comme carcéral, au contraire d’Arielle qui le parcourt avec ravissement.
Si l’alliance autour de cet album est décrite comme une aventure terrestre entre deux citadins, c’est pourtant aux fonds marins que vous dédiez Empire mais également votre album commun précédent La Rivière Atlantique. En plus d’être vitale, l’eau est-elle une matière inspirante ?
A&N: Elle l’a été pour nous deux, en tout cas. C’est depuis un cristal collectif généré par tout que surgissent. L’ Empire englobe toute matière, autant celle d’un homme, que celle d’un loup, d’un champignon, d’un grain de sable ou d’une nano-particule.
A: On dit que l’imagination est la folle du logis. J’en raffole.
Vous défendez la grandeur esthétique contre la médiocrité, la banalité et le conformisme. Comment maintenir un tel projet à l’ère du tout globalisé et accessible ?
N: Ce genre de globalisation des œuvres singulières me semble plutôt être une chance, malgré tous les crimes générés par l’Internet.
A: Au Carrefour des Arts, les uns se nourrissent des autres par transfusion sanguine.
N: Tous servent une même vision qui se définit au travers de transmissions, de télégrammes.
Nicolas Ker est un punk reconnu. Mais vous, Arielle Dombasle, avez peu voir jamais été qualifiée ainsi. Pourtant, à travers votre carrière, vous donnez l’impression d’avoir agi uniquement selon vos envies, en étant seulement vous même. Est-ce une forme de contestation ?
A: Je suis un électron libre, c’est ma plus grande fierté, mon plus grand vertige.
Dans la vie, quand s’arrête le jeu ?
N: Le jeu ne s’arrête jamais. Ici notre crédit est illimité.
A: Au Purgatoire sans doute, en attente du jugement dernier.
ARIELLE DOMBASLE : Des séries de scènes éblouissantes de gaîté, de rires et de danses. Un revival des girl-groups des années 60. Pour répondre à votre deuxième question, je ne connais pas les yéyés !
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Quelles différences y’a t’il entre « La Rivière Atlantique » de 2016 et votre nouvel album à paraître en juin « Empire » ?
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Nicolas, comment t’est venue l’inspiration de ce deuxième album ? Quelle était le rôle d’Arielle Dombasle dans l’écriture ?
NICOLAS KER : L’inspiration vient de Philip K. Dick et de Jim Morrison qui prétendaient tous deux que « le règne matériel est carcéral, ou qu’il peut être une public school dans laquelle le châtiment corporel serait une forme d’éducation ».
Ce n’est pas vraiment un constat que partage Arielle, mais notre télépathie artistique fait qu’elle agissait à un niveau formel : je pouvais dire “la tournure de cette phrase (ou l’utilisation du Fa#m à ce moment-là) n’est pas très heureuse”, et à un bref regard entre nous, je savais immédiatement ce qu’il fallait que je cherche ou fasse, ou si c’était cela précisément. Même si je disposais du final-cut, nous étions tous deux arbitres des élégances.
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Arielle, en quoi diffère une collaboration avec Philippe Katerine d’une autre avec Nicolas Ker ? Comment dirige t’on Nicolas Ker sur un plateau de cinéma ?
ARIELLE DOMBASLE : Ce sont deux cosmos différents et compatibles. On ne dirige pas Nicolas Ker!
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Tous deux comment définiriez-vous votre partenaire musical ?
ARIELLE DOMBASLE : La plus belle voix du rock, la morale d’un punk, le talent d’un compositeur de génie.
NICOLAS KER : Indescriptible! une sorte de sphynx aux griffes rétractées. Mais j’ai l’avantage de connaître ses habitudes! Imaginez une freaky-hippie arborant à son poignet une montre suisse…
Plus personnellement, je dirais qu’Arielle est nocturne, florale, labyrinthique, tout en demeurant accessible.
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Vous êtes déjà sortie dans les nuits Parisiennes avec Nicolas ?
ARIELLE DOMBASLE : Je suis sortie dans sa nuit sur scène.
NICOLAS KER : Nous avons passé trois jours à Lisbonne au Portugal. Arielle l’a réalisé et monté avec Thierry Humbert, l’un des cadreurs et monteurs avec qui elle préfère travailler. Ils l’ont filmé à la wild à deux dans des lieux désaffectés, sans aucun folklore lisboète.
DIEGO*ON*THE*ROCKS : « La Belle Et La Bête » serait-il un titre envisageable pour un futur troisième album ?
NICOLAS KER : Ha non, misère! Certainement pas! Je préférerais même « Laurel & Hardy« , c’est te dire…
ARIELLE DOMBASLE : J’adore « La Belle Et La Bête ».
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Nicolas, Que penses-tu du personnage de Berurier Noir dans la chanson « Vivre Libre ou Mourir » qui est psychopathe à 14 ans, alcoolique à 17 et délinquant à 18 ans ?
NICOLAS KER : Pour te répondre, je citerai pour cela un passage d’une chanson de Lou Reed qui s’appelle « Street Hassle » : « You know, some people got no choice, and they can never find a voice, to talk with that they can even call their own, So the first thing that they see, that allows them the right to be, why they follow it, you know, it’s called bad luck. »
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Malgré cette « mauvaise chance », on pourrait envisager un futur album de Poni Hoax ?
NICOLAS KER : Poni Hoax a malheureusement splitté il y a maintenant à peu-près trois ans. Personnellement, j’ai toujours trouvé cela dommage et serais prêt à partir sur un 5ème album mais cela ne dépend pas que de moi… Ce que je trouve charmant c’est que le split s’est fait ainsi, sans aucun mauvais sang entre les musiciens. Nous sommes toujours tous restés amis, chacun avec chacun.
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Si vos existences étaient des œuvres d’art, quelles seraient-elles ?
ARIELLE DOMBASLE : “Les fleurs du mal” de Charles Baudelaire.
NICOLAS KER : “Guernica” (Picasso) , “Don Quichotte” (Cervantes) et “Molloy” (Beckett), un hybride des trois.
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Pour finir, qui sont vos héros rock n’roll ?
ARIELLE DOMBASLE : Nick Cave, Joy Division, Bowie et Nicolas Ker.
NICOLAS KER : Jeffrey Lee Pierce du Gun Club et Vince Taylor quand il commençait à devenir plus âgé.
DIEGO*ON*THE*ROCKS : Merci pour cette interview, bon confinement et à bientôt peut-être sur scène…