À l’initiative du comédien et metteur en scène Stanislas Nordey, Gérard Jugnot, Nagui, Grand Corps Malade, Zabou Breitman, Arielle Dombasle entre autres se disent prêts à montrer l’exemple en se faisant vacciner, dans un appel publié le 7 janvier dans Le Parisien. Un «acte citoyen» pour essayer de «sortir de l’impasse».
« Il faut sortir de cette situation mortifère »
Arielle Dombasle.
« Les artistes sont dans un état de désespoir insupportable. Tout ce qui peut leur permettre d’exercer à nouveau leur métier est à faire. Les théâtres, les salles de concerts, de cinéma sont des endroits essentiels. Tout ce qui peut contribuer à leur réouverture est à prendre. C’est pour ça que j’ai signé. Pour essayer de débloquer cette situation mortifère. » Je crois que c’est une solution. Peut-être pas LA solution, mais c’en est une. On ne va certainement pas obliger les gens qui ne veulent pas être vaccinés à le faire. Rien n’est imposé. Chacun est libre de croire et de faire ce qu’il veut par rapport à sa santé. De vivre, d’agir et de mourir comme il lui plaît. Je comprends tout. Je n’ai pas à juger les gens qui ne veulent pas être vaccinés. Moi, je le ferai. En même temps, je laisserai la priorité aux gens plus fragiles que moi. J’ai une immunité formidable. »
Interviewée depuis le plateau de BFM Story, Arielle Dombasle a réitéré sa volonté de se faire vacciner contre la COVID-19 dès que possible pour aider à endiguer la pandémie qui touche le monde entier depuis près de un an et met à mal bon nombre de secteurs économiques dont celui de culture.
Malgré ses envies de liberté, la comédienne et chanteuse reste sage et s’occupe chez elle, entre musique, rituels et réseaux sociaux.
Fin janvier, elle était membre du jury du festival de Gérardmer, consacré au cinéma fantastique. Aujourd’hui, le monde entier vit un scénario de film d’horreur. Arielle Dombasle a la nostalgie de son séjour dans les Vosges. « Tout était encore gai. Mais il y avait Vivarium, qui racontait des individus prisonniers de leur domicile. C’était de la fiction. Là, nous la vivons en quelque sorte. » L’actrice et chanteuse, qui a « tendance à refuser les diktats », admet que l’idée du confinement lui a d’abord été pénible : « L’enfermement est une punition. Mais je suis sage et je m’y conforme. Il faut être responsable. »
Elle dit avoir refusé de quitter Paris « par solidarité » et garde le moral dans son appartement du centre de la capitale. « Comme la plupart d’entre nous, je pensais au début qu’il s’agissait d’une sorte de paranoïa généralisée, que ça durerait très peu de temps, que ce virus n’était pas plus grave qu’une simple grippe. Mais il est inconnu et pervers. Ce qui est nouveau, et très anxiogène, c’est de suivre le décompte des morts aux quatre coins du monde quasiment heure par heure. »
Pour ne pas se laisser envahir par la peur, Arielle Dombasle dit se préserver des chaînes d’information en continu, préférant regarder une fois par jour le journal télévisé. « Je me garde de la tyrannie de l’immédiat, comme l’écrit si bien Jonathan Curiel dans son livre [Vite !, cher Plon], que je suis justement en train de lire. » Pour s’éaérer, elle profite de son balcon. Le soleil entre par la porte-fenêtre, elle voit le ciel et des arbres. « J’ai aussi de la glycine et une rose à mon nom, « Arielle Dombasle », en boutons, raconte-t-elle. Parfois, une corneille vient me rendre visite et effraie mon chat, Little Siam. Lequel est ravi de m’avoir sous la main matin, midi et soir. Il commande et je m’exécute ! » Pour le reste, elle a essayé de ne pas modifier ses petits rituels. Elle continue de se lever tôt et de prendre « deux ou trois bains par jour ».
Dans ce moment suspendu, l’artiste multiple s’active, monte les clips extraits de son nouvel album pop-rock-électro réalisé avec Nicolas Ker, Empire (Universal/Barclay). A cause du Covid-19, sa sortie a été repoussée au 19 juin. Le premier titre, disponible sur les plateformes musicales, s’est révélé prophétique : Just Come Back Alive (« revenez juste en vie »). « C’est notre souhait premier, notre prière pour tous ceux qu’on aime. » Elle fait également ses vocalises, organise des FaceTime avec ses musiciens, tandis que Nicolas Ker l’initie à distance à des jeux vidéo sanglants ! Elle envoie aussi des cœurs à ses amis sur Instagram, regarde des documentaires animaliers ou une comédie musicale de Stanley Donen, divague sur Netflix et Canal+ pour rattraper son retard côté séries. Elle a ainsi adoré Downtown Abbey, Les Tudors et Mad Men et se dit tentée par La casa de papel et Validé.
« Les Grosses Têtes » et la mythologie grecque
Mais à l’heure de Pâques, la très catholique Arielle Dombasle se dit blesée par la fermeture des églises. « Parce que c’est le dernier refuge. Quand le pape a appelé à la prière collective, je l’ai faite. J’aimais l’idée dune communion planétaire simultanée. » Et puis elle écoute de la musique, des airs sacrés, des cantiques, des requiem, des spirituals. Mais aussi du rock, particulièrement britannique, le grand inspirateur de son album.
Ce qu’elle compte faire à l’issue de la crise sanitaire ? « Revoir mes amis, les embraser. Reprendre les répétitions avec mes musiciens avant mes concerts. Et nager, car l’eau me manque terriblement. Même si je me sens bien là où je suis, je rêve de la liberté retrouvée d’aller et venir. »
Stéphanie Belpêche
Sa Playlist
Le Pie Jesu du Requiem de Gabriel Fauré (1887-1901)
J’adore la musique sacrée, elle me transporte violemment. J’ajouterais l’Ave Maria, Le Miserere d’Allegri et la Messe en si de Mozart. Je suis née du classique, qui n’en finit pas de m’éblouir.
Heroes, David Bowie (1977)
Un titre complètement de circonstance. Nous sommes tous des héros modernes qui faisons preuve de résilience face au virus en acceptant de rester enfermés.
Skeleton Tree, Nick Cave and the Bad Seeds (2016)
C’est la dernière chanson de l’album déchirant du même nom, que Nick Cave a écrit après la mort de son fils. Je l’ai écouté en boucle pendant les trois ans de travail pour mon disque. Je pleurais tellement c’est beau.
Son livre confiné
Sur ma table de nuit, il y a un recueil de poésies composées par ma grand-mère, Man’ha Garreau-Dombasle. Je me replonge aussi souvent dans les classiques : Baudelaire éternellement, mais aussi Rimbaud, Verlaine, Saint-Simon, Molière ou les libertins du XVIIème siècle.
La série à regarder pendant le confinement ? Nicolas Ker : Les 3 saisons de « Twin Peaks », particulièrement la dernière. Arielle Dombasle : « Orange Is the New Black ». Je l’avais raté, je me rattrape.
Le film à regarder pendant le confinement ? Nicolas Ker : « Shining », une comédie hilarante d’un père de famille tentant de massacrer sa famille lors d’un confinement d’un hiver dans un hôtel hors-saison. Arielle Dombasle : « Lolita » de Stanley Kubrick et « La Petite » de Louis Malle car, en ces temps de confinement, eux sont confinés dans l’interdit de l’époque.
Le divertissement à regarder pendant le confinement ? Nicolas Ker : Je n’ai toujours pas branché la TV de ma box à mon écran, par paresse. Par contre, lorsque je disposais d’une TV, j’adorais, sans ironie aucune, « Des chiffres et des lettres », ce grand moment de silence, de zen, et de gros plans de plantes vertes. Arielle Dombasle : « Champs-Élysées » pour revoir Gainsbourg brûler un billet et les émissions américaines de variétés, « The Tonight Show » de Jimmy Fallon, pour revoir des plantades magistrales et des virtuoses inoubliables.
L’album à écouter pendant le confinement ? Nicolas Ker : Du Brian Eno période ambient. Arielle Dombasle : « There is a Storm » de Nicolas Ker et son groupe Paris, « Les Faubourgs de l’exil » album solo de Nicolas Ker passablement inconnu et proprement génial.
Le rendez-vous info (presse, TV, radio…) à suivre pendant le confinement ? Nicolas Ker : Le « Huffington Post » pour sa concision. Je suis relativement informé en 15 minutes puis vais me faire cuire des œufs sur le plat. Arielle Dombasle : La brillante Marie Richeux et son émission « Par les temps qui courent » sur France Culture, les replays d’Augustin Trapenard parce que je l’adore et « Par Jupiter » pour leur côté cash.
Découvrez « Just Come Back Alive » le premier extrait d’Empire, le nouvel album d’Arielle Dombasle & Nicolas Ker (sortie le 19 juin 2020) :
Invitée de l’émission « Le Monde d’Elodie » et confinée à Paris, la comédienne, réalisatrice et chanteuse Arielle Dombasle parle des soignants comme de « saints laïques » et elle espère que nous allons nous en sortir encore plus vivants.
Elodie Suigo : Comment et où vivez-vous ce confinement ?
Arielle Dombasle : Je suis restée à Paris, je n’ai pas eu la chance de partir à la campagne. Les citadins, eux, sont là et on respecte totalement les mesures préventives, parce qu’on a fini par y croire. Ce n’est pas du tout quelque chose de léger, qu’on pouvait au début prendre à la légère et être désobéissants. Maintenant, il y a quand même cette hécatombe et même si on peut imaginer et on l’espère que ce ne soit pas comme la fameuse grippe espagnole qui a fait 50 millions de morts dans le monde, ni la grippe asiatique qui a fait 7 à 8 millions de morts, ni la grippe de Hong-Kong, qui a fait un million de morts en 1968, heureusement, les gouvernements et l’information font que nous nous défendons et quon lui déclare la guerre en restant confinés.
Vous avez mis du temps à y croire ?
Je crois que comme tout le monde, on a mis du temps à y croire. On s’est dit « Oh, ce virus n’est pas très mortel, ça va passer, ça tue autant que les grippes normales, seuls les gens âgés et faibles en meurent, les autres n’en meurent pas… » Il y a eu toute ces phases auxquelles nous avons tous cru. On a compris qu’en effet ce virus ne touchait pas de la même manière les uns et les autres, bien sûr, parce qu’il arrive dans un terrain différent à chaque fois, mais qu’il tue les jeunes, les vieux, tout le monde, quoi ! Il est assez incernable pour l’instant, tous les scientifiques planchent là-dessus mais le vaccin n’est toujours pas là.
Il semble que c’est comme une prière, un hymne, un souhait, « Revenez vivants », dans tous les sens du terme. C’est à dire, après cette période de confinement, cest la joie qui reviendra, la vraie vie et aussi j’espère que vous serez parmi ceux qui n’auront pas été touchés par ce vilain virus et que vous serez d’autant plus vivant après cette période de danger.
Avez-vous des craintes ?
Je suis au diapason de mes contemporains et c’est un phénomène mondial. Je crois qu’il faut aimer son prochain plus que jamais et la première manière de l’aimer, c’est de suivre les règles de non contagion et donc de rester à distance de tous les autres humains qui peuplent la planète.
Comment occupez-vous vos journées ?
Moi, heureusement, je suis musicienne, je suis artiste, donc évidemment, je monte mes films à la maison, j’envoie des images par WeTransfer, voilà, c’est du télétravail, comme tout le monde ! Et javais tous ces rendez-vous de propositions qui étaient là et qui sont caducs. On est tous seuls nous les artistes, on est des funambules, sur le fil, donc, complètement tributaires de l’état des choses.
Avez-vous des livres ou des films à nous conseiller ?
Je crois que c’est le moment de lire et c’est merveilleux de se dire « Tiens, j’ai ce temps qui m’est imparti », d’aller puiser dans sa bibliothèque et de lire ce qu’on a jamais lu, des grands livres bouleversants, je dirais peut-être en ces temps de crise et de questionnement métaphysique, seul face à soi-même, on peut lire Chateaubriand, Les Mémoires d’Outre-tombe, on peut lire La peau de Malaparte, ce sont des très très grands livres qui vous élèvent. Moi, j’aime relire aussi tous les grands maîtres du XVIIIe, j’aime relire des choses de Saint-Simon ou de Crébillon, enfin bon… Ce qui me tombe sous la main. Je me dis toujours « Tiens, je vais lire ça ! » et puis j’ai autre chose à faire… Prenons ce temps pour regarder vraiment les très grands films qu’on n’a pas pu voir et maintenant il y a tous ces programmes qui donnent accès aux nouveaux films qu’on a ratés ou qu’on n’a pas pu voir… Donc il faut profiter de tout ça.
Faites-vous partie des artistes qui soutiennent les soignants ?
Evidemment ! Ce sont des héros modernes, absolument héroïques. J’étais il y a 15 jours à l’hôpital Lariboisière, j’étais aux urgences et je vois la difficulté des cas. Ces urgentistes sont des saints laïques, des héros.
Quel message de soutien pour les auditeurs de franceinfo ?
Le printemps nous attend … Il va faire tellement beau et, comme je le chante, Just come back alive, c’est Revenez vivant, pleinement vivant, encore plus vivant !