MUSIQUE
Il y a déjà 16 ans, Numéro se glissait dans le lit d’Arielle Dombasle. Retour sur une interview mythique et ses nombreuses confidences sur l’oreiller.
Propos recueillis par Philip Utz, Portrait Sofia Sanchez & Mauro Mongiello
Numéro : De quel côté du lit dormez-vous?
Arielle Dombasle : La grande poétesse japonaise Sei Shônagon disait que le plus important, lorsqu’on pose la tête sur l’oreiller, c’est de repenser non pas à la journée qui vient de s’écouler, mais à celle de la veille. C’est une très jolie philosophie de courtisane du Xe siècle, parce que le plus souvent, hier est déjà bien oublié.
Ce qui ne répond pas à ma question…
Je prends toujours le côté du lit qui n’est pas près de la fenêtre, parce que Bernard-Henri l’ouvre systématiquement même si on est en Suède par moins vingt-sept degrés. Et donc voilà.
Quel est votre pire cauchemar? S’agit-il des grands classiques, comme de se retrouver tout nu, à l’école, devant ses camarades de classe?
Comme tout le monde, j’ai un cauchemar récurrent : c’est une gigantesque vague, comme un serpent de jade venant du fond de l’océan. Tous mes amis me disent: “Viens !” Ils me frôlent le bras en voulant m’attraper. Ils courent tous vers la vague pour la prendre avant qu’elle ne casse, et moi, évidemment, je n’y arrive pas, je suis comme paralysée. Je me réveille toujours quand il y a des tonnes et des tonnes d’eau qui menacent de m’engloutir. Voilà, c’est mon rêve depuis l’enfance. Et je ne l’aime pas du tout !
A force de les voir repasser en boucle, ne finit-on pas par s’habituer aux cauchemars?
Je ne crois pas. Je me réveille toujours juste avant que la vague ne m’emporte, donc je vis dans la crainte qu’un jour elle ne m’écrase.
Vous êtes plutôt Stilnox, Lexomil ou Valium?
J’essaye de rester loin de ces bonbons alléchants. Quand il m’est arrivé d’en prendre, j’ai adoré ça. C’était comme de l’opium : ça vous enveloppe doucement et c’est d’une volupté incroyable. Du coup, je ne peux pas, j’ai trop peur de devenir accro.
Rassurez-moi,vous n’êtes pas une lève-tôt?
Si. Comme disent les Anglais : “The early bird catches the worm.” [L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt]. Et mieux encore. J’aime me lever vers 8 heures – un chiffre très gracieux qui, de plus, symbolise l’infini. Mais il est très important de réussir ses nuits. Au cours de notre vie, nous passons près de trente ans dans les bras de Morphée. C’est énorme. Il faut donc veiller à ce que le sommeil soit le territoire de la volupté, de la tendresse et de la douceur. Et justement, si les cauchemars sont si terribles, c’est parce qu’ils vous tirent de cet état de grâce. Je ne suis pas insomniaque, mais lorsque je n’arrive pas à m’endormir, je deviens hystérique. Je sors du lit, je me fais couler un bain parfumé, je lis, je regarde la télé… Je me rappelle que Françoise Sagan m’avait dit que les meilleures émissions passaient en plein milieu de la nuit. Elle était bien placée pour le savoir. Du coup, lorsque je suis seule à la maison, je laisse toujours la télé allumée pour qu’elle me tienne compagnie.
“On partage son lit avec la personne qu’on adore. Et moi, je n’aime pas dormir seule.”
Comme Marilyn, ne portez-vous qu’une goutte de N° 5 lorsque vous vous couchez?
Je ne dors jamais nue : j’ai beaucoup de vêtements de nuit – des nuisettes, des choses en satin de soie et mousseline qui coulent sur le corps comme de l’eau. J’ai d’ailleurs plus de vêtements de nuit que de vêtements de jour. J’adore ça !
Faites-vous partie de ces maniaques de la propreté qui changent de draps comme ils changent de chemises?
J’ai la chance d’avoir quelqu’un qui change mes draps tous les jours. Je ne saurais pas le faire moi-même. C’est un luxe, je vous l’accorde.
Sans vouloir être indiscret, avec qui partagez-vous votre lit?
Mais avec B.-H., évidemment ! On partage son lit avec la personne qu’on adore. Et moi, je n’aime pas dormir seule. On aura tout le temps d’être allongé seul dans un cercueil, donc pourquoi le faire maintenant ? Comme disait Molière : “On ne meurt qu’une fois, mais c’est pour longtemps.” J’ai horreur d’être seule. Je suis quelqu’un qui adore la compagnie, qui aime ses contemporains et qui se déploie avec les autres. Vivre les choses seule ne m’intéresse pas.
B.-H.L. ronfle-t-il?
Non. Et tant mieux, parce que c’est une vraie maladie.
Retrouvez l’interview en intégralité sur le site du magazine Numéro.