« Entre nous, c’est une évidence » (Pure Charts)
Plus de trois ans après « La rivière atlantique », Arielle Dombasle et Nicolas Ker se retrouveront sur l’album « Empire », qui sortira au mois de juin. Les deux artistes se confient en interview pour Pure Charts.
Après « La rivière atlantique« , qu’est ce qui vous a donné envie de collaborer à nouveau ensemble sur ce nouvel album « Empire » ? Lequel de vous deux était à l’origine de ce retour ?
Nicolas : Je comptais faire un album solo nommé « Empire », et un soir il m’a paru évident que nous devions le faire ensemble Arielle et moi, sans logique aucune.
Arielle : On ne peut pas parler de logique en effet mais d’évidence. C’est vrai, entre nous, c’est une évidence. L’écriture a commencé il y a trois ans, l’inspiration de Nicolas est toujours fulgurante et radicale. Je ne savais pas qu’il avait décidé ça en une nuit. (rires)
Sur « Just Come Back Alive« , on identifie des sonorités plus synthétiques et un peu moins « rock » que sur « Endless Summer » par exemple. Il faut s’attendre à un nouvel album plus électro ?
Nicolas : Non, je le sentais beaucoup plus rock.
Arielle : Oui sans doute plus électro façon trilogie berlinoise. C’est advenu en studio, lors des longues et géniales séances avec Mark Kerr et Jeff « Eat Gas » Dijoud en réalisateur, Henri-Philippe Graetz au violon et Arnaud Roulin aux claviers… Il y avait des séances new wave, pop gothique, psychédélique avec Nick Cave and the Bad Seeds, Robert Smith, Joy Division, Brian Eno sans oublier Ziggy Stardust le héros de Nicolas, en fantômes invités.
Vous aviez peur de vous répéter ?
Nicolas et Arielle : Absolument pas.
Arielle : Mais nos musiciens sont les mêmes depuis « La rivière atlantique« , « Alien Crystal Palace » et deux-trois bandes son de films all together.
C’est un projet écrit à quatre mains et chanté à deux voix. Lequel de vous deux inspire le plus l’autre ? Qu’est-ce que vous vous apportez réciproquement ?
Arielle : Non, c’est un projet à douze mains comme les douze apôtres du Christ. « It Takes Two to Tango », c’est un dialogue parfois muet entre nous deux avec toujours à l’unisson les mêmes exaltations, les mêmes transes et exigences. Communication à demi-mots et au quart de soupir, c’est copernicien pour Nicolas et transe tout court pour moi.
Il y a un titre en français sur « Empire », dont le nouveau single « Le grand hôtel« . Pourquoi avoir fait un pas de côté par rapport à l’anglais ?
Nicolas : Ce n’est pas, de loin, la première fois que j’écris en français.
Arielle : Ce titre a été composé par Nicolas quand il sortait de l’adolescence, un de ses tout premiers titres, je l’ai tout de suite aimé et c’était un peu miraculeux de le retrouver à des années lumières sur notre album Empire. Moi j’ai l’impression d’avoir chanté pour la première fois en français avec lui alors que Philippe Katerine m’a écrit un album tout entier que j’ai chanté avec jubilation, « Glamour à Mort !« , sans m’en apercevoir.
Votre album est un projet exigeant : mélancolique, poétique, quasi littéraire et rock, en décalage avec ce qui est populaire commercialement actuellement. C’est un obstacle pour toucher un large public ?
Nicolas : Je ne tente que des réaliser des œuvres intemporelles.
Arielle : On écrit, on compose, on chante, on fait des films pour ne faire battre qu’un seul cœur peut-être… mais qui battra à vous faire déchirer la poitrine. On entent souvent « votre musique, ça déchire » !
Nicolas, comment expliquez-vous que l’esprit de Poni Hoax vive à travers des collaborations actuelles comme avec Arielle, mais aussi les autres membres du collectif avec Alain Souchon, Charlotte Gainsbourg ou Camelia Jordana ?
Nicolas : Chacun fait ce qu’il peut et souhaite.
Une reformation du groupe est-elle prévue ?
Nicolas : Une reformation de Poni Hoax me semble improbable, même, si personnellement j’en serai ravi.
Arielle, on vous a entendue dans de nombreux registres musicaux mais de mémoire jamais sur des musiques urbaines. Aujourd’hui, on assiste à des collaborations étonnantes comme Nekfeu et Vanessa Paradis. C’est envisageable ?
Arielle : J’ai déjà chanté avec Mokobé qui fait partie de la musique dite urbaine, c’était si chouette cette rencontre transcontinentale. Il y en aura d’autres bien sûr… Moi vous savez l’histoire même de la musique c’est des crossover de styles et de rencontres. Il me semble que c’est la nature de la musique et sa vocation première.
Votre association évoque les Murder Ballads de Nick Cave où figurait le merveilleux duo « Where the Wild Roses Grow » avec Kylie Minogue. C’est d’ailleurs très frappant sur « Point Blank » du précédent album. La comparaison avec Nick et Kylie vous plait ? Que pensez-vous de leurs carrières respectives ?
Arielle : Je les adore tous les deux, leur rencontre était là aussi une inspirante évidence mais je ne réfléchis jamais en terme de carrière.
Nicolas : Une carrière est un endroit d’où on extrait du marbre ou du calcaire. (rires)
Après votre film « Alien Crystal Palace », est-il prévu de décliner « Empire » en projet cinématographique ?
Nicolas : Je travaille sur ma propre version de « Barbe Bleue ».
Arielle : Et moi sur une petite sirène revisited, peut-être que les deux projets se rencontreront dans un espace interstellaire. Who knows …
Vous aviez donné des concert pour « La rivière atlantique », notamment avec une résidence au Salo à Paris. Vous allez défendre ce projet sur scène à nouveau ?
Nicolas : Oui, définitivement.
Arielle : Oui bien sûr, les concerts prévus ont été stoppés à cause de l’enfermement mais ça va être intense et trans garanti.