Pour quelqu’un qui hisse la liberté en vertu cardinale, le confinement fut un « enfermement ». L’éloignement et la méfiance vis-à-vis de ces autres qui lui sont si essentiels, une « dévastation ». Une cage, même dorée, reste une cage. Mais une fois la porte entrebâillée, Arielle s’est aussitôt faufilée avec cette allure évaporée qui n’est somme toute qu’une façon d’être au monde, une forme de politesse qui cache bien des fêlures…
A l’occasion du Sidaction 2020 et pour soutenir la lute contre le VIH/sida, Arielle Dombasle a incarné Evita et interprété le titre « Don’t Cry for me Argentina ».
Le duo bizarre et fascinant est de retour avec un deuxième album rock et baroque captivant. Rencontre avec deux artistes, sans limites.
En janvier, l’actrice et chanteuse Arielle Dombasle a fait le buzz en enfilant sa queue de poisson pour rejoindre quelques ensorceleuses au fond des mers et chanter « We Bleed for the Ocean », avant de périr étouffée avec de la Cellophane. Ce clip choc viral annonçait la sortie de son nouvel album Empire, écrit et composé avec Nicolas Ker, le chanteur sombre de Poni Hoax, sa nouvelle âme sœur musicale, avec qui elle avait déjà sorti un album punk rock (le duo en avait interprété un extrait sur le toit du Point Pop) et imaginé le film gothico-fantastique Alien Crystal Palace. Inspiré par Philip K. Dick, David Bowie, Jim Morrison et Nick Cave, cet opus est le produit d’une alliance bizarre rock et baroque. La production est fine, à la fois nostalgique et futuriste, avec des cordes qui font rêver, des guitares qui semblent résonner depuis les années 1970 et des beats néoélectroniques. La voix de Dombasle monte haut retrouver celle de Ker qui chute dans les graves, mariage poétique fragile, humain, émouvant. Leur Empire, c’est Malkuth, le monde matériel, « le stade ultime de la forme dense et palpable, le lieu où force et forme se dégradent et se rompent », explique Ker, poète maudit qui se noie dans l’alcool et l’autodestruction. Dans leur dernier clip, « Humble Guy », ils explorent ce concept à fond. Lors d’une déambulation nocturne de Nicolas, la peau d’Arielle se fait plastique, elle se transforme en poupée gonflable sexy. Captivant. Rencontre avec deux artistes, sans limites.
Le Point Pop : Enfant déjà, La Petite Sirène était votre conte préféré ?
Arielle Dombasle : C’est LE conte initiateur. Il fait beaucoup pleurer les petites filles, qui s’identifient toutes à elle. C’est une figure mythologique qui cristallise quelque chose de très fort, avec cette idée aussi que pour plaire aux êtres humains, et notamment aux hommes, il faut sortir de son règne pour aller dans un autre règne et en souffrir. C’est tellement beau.
Nicolas Ker : Les sirènes sont dangereuses. Dans L’Odyssée, le chant des sirènes pousse les hommes à la mort.
Quel chant vous fait cet effet ?
N. K. : « All Tomorrow’s Parties » du Velvet Underground est totalement hypnotique. J’ai l’impression qu’elle vient de l’antiquité sumérienne ! Une sorte de rituel de la lune.
A. D. : Le principe de la musique est un envoûtement extrêmement secret et mystérieux. Pourquoi une série de notes vous met dans un état d’aussi grande émotion et bouleversement ? Quand les gens pensent à leur existence, ils ont des moments musicaux en tête. La musique, comme dit Nietzsche, nous met au-dessus des êtres et nous pousse vers les cieux. Avec le chant, qui est par définition enchanteur, on arrive à toucher. C’est à la fois une plainte et une prière.
Nicolas Ker, votre premier album avec Arielle, La Rivière Atlantique, avait quelque chose d’océanique. L’eau est toujours un élément important dans l’atmosphère musicale que vous avez voulu créer dans Empire ?
N. K. : En général, les musiques me viennent entièrement dans la tête. Je ne les compose pas, elles tombent du ciel, entières. Arielle me donne une fréquence, par exemple balalaiki pour « We Bleed for the Ocean », et j’essaie de me brancher dessus. J’entends toutes les variations. Je me sens au service des chansons qui tiennent à naître, plutôt que leur artisan. Elles sont différentes de moi. C’est un processus assez mystérieux finalement.
Arielle Dombasle, si vous étiez un élément, ce serait l’eau ?
A. D. : Absolument. D’abord, on naît dans le liquide amniotique : notre première existence est totalement aquatique. Notre espèce serait peut-être même née dans l’eau d’après certains scientifiques, mais sans aller aussi loin (rires), j’ai grandi au Mexique, un pays bordé par l’Atlantique et le Pacifique, des rivières et des lacs. Très tôt, j’adorais l’eau et nager. J’ai même été championne de natation sur le dos au lycée. Si je mettais bout à bout tous les moments que j’ai passés dans l’eau, ce serait au moins 5 ans en continu. Je me suis aperçue de la transformation des lacs et océans ces 10 dernières années et j’ai voulu agir en faisant ce film et cette musique, utiliser la métaphore, pour sensibiliser les êtres à cet immense problème.
Dimanche dernier, Arielle Dombasle était l’invitée de Laurent Ruquier sur France 2 dans Les Enfants de la Télé pour la promotion d’Empire, son nouvel album en duo avec Nicolas Ker.
Le making-of de la vidéo, réalisée pendant le confinement – dans une « configuration surréaliste, Dada, avec cette ville fermée » comme elle le dit – vaut le détour.
« Il y avait juste un vieux libidineux dans une échoppe de lingerie ouverte, décrit-elle. Heureusement il ne m’a pas reconnue (rires). Il me disait: « Tu t’appelles comment? Viens je vais te montrer les corsets » (rires). J’étais vraiment la seule cliente et ce type ne faisait que de me pincer le bras (rires). Je lui ai dit +je m’appelle Candy+ (rires) ». « Un vieux nom d’escorte ! », s’esclaffe-t-il.
« J’ai beaucoup désobéi »
« Il y avait ce vêtement en vitrine, avec ce mannequin qui me ressemblait, enchaîne-t-elle. Je voulais surtout l’étiquette du vêtement pour le clip, le type devait se demander « mais c’est quoi son trip? » (rires). Il était super bougon (rires). Bon finalement, il m’a jeté l’étiquette (rires) ».
Les deux artistes se vouvoient, alors qu’ils en sont à leur deuxième album et ont aussi un film en commun. Toujours aussi inclassables. « J’ai beaucoup désobéi pendant le confinement, je me suis promenée la nuit dans les parcs fermés », lâche-t-elle. Et travailler en studio avec lui – survivant d’une existence totalement rock’n’roll – c’est comment? « Nicolas est défoncé ou « available » (disponible en anglais), rigole-t-elle. On fait avec ».
Leur association n’étonne pas Matthieu Culleron, auteur d’un fabuleux documentaire sur une tournée tout en excès de Poni Hoax, « Drunk In The House Of Lords ». « Leurs comportements ne sont pas en rapport avec les canons médiatiques. Mais ils partagent beaucoup de choses. Nicolas a ce côté punk, mais aussi ce côté cultivé, savant », dépeint le journaliste pour l’AFP.
« Soyez dans le miroir »
A elle la mise en images, à lui texte et musique, ainsi que l’équilibre à trouver entre leurs voix. « Je ne voulais pas qu’Arielle sonne de façon lyrique, je lui disais: « vous poussez trop, soyez dans le miroir. Sauf pour le chant élisabéthain sur ‘A Simple Life' ».
L’album, sorti ce vendredi (chez Barclay/Universal), a de belles pièces dans sa collection, comme « Le Grand Hôtel » – la seule en français, les autres sont en anglais – et « Lost Little Street Girl ». « Une amie m’a dit +toutes les jeunes parisiennes peuvent se sentir concernées+, commente-t-il. C’est la magie de la pop, un texte universel. Mais en fait je parle de ma chatte, Mina, que j’avais recueillie dans la rue, elle léchait un pot de yaourt vide sous une voiture et le mec du kébab en face voulait la chasser (rires) ».
L’animal inspire deux autres morceaux, « The Palace Of The Virgin Queen » et « A Simple Life ». « Quand elle dormait trop, je lui mettais du metal, bon après elle venait me faire chier aussi », conclut-il dans un grand rire.
Rencontre avec Arielle Dombasle et Nicolas Ker pour la sortie de leur nouvel album Empire.
« Empire » est votre second album commun après « La Rivière Atlantique » paru en 2016, ce nouveau disque a-t-il été une évidence ?
Nicolas : Oui, plus ou moins même si à la base, je devais le faire seul. Je me souviens qu’à un moment, je n’arrivais plus à faire ce disque sur lequel je travaillais en même temps que « La Rivière Atlantique » et une fois cet album sorti, je me suis dit que j’allais demander à Arielle, que ça marcherait peut-être et ça a été le cas.
Comment voyez-vous cet empire qui donne son nom à votre nouveau disque ?
N : C’est notre vie commune envisagée comme un processus carcéral car nous sommes tous enfermés en prison. Si nous montons un peu au niveau de notre conscience, nous pouvons peut-être éviter l’enferment de notre corps mais pour l’instant, je ne vois personne y arriver vraiment.
Arielle : Et surtout pas Nicolas qui est sous l’empire des addictions. Son corps est une prison.
N : J’ai des fantasmes et des addictions qui font que je reste en empire car je suis encore puni.
Comment compareriez-vous les atmosphères de ces deux albums ?
N : Ces deux albums sont très différents. « La Rivière Atlantique » faisait référence à un passage de la vie d’Arielle.
A : Et ce disque était basé également sur l’idée d’une civilisation disparue ; l’Atlantide, de manière métaphorique ; et sur tous les courants de la mer qui nous mènent ainsi que sur les nouvelles vagues et sur les grandes forces à l’intérieur des océans comme ces fleuves qui continuent leur parcours à l’intérieur des grandes masses d’eau. Ce mouvement au milieu de l’eau est toujours assez magique. « La Rivière Atlantique » était donc très océanique alors qu’« Empire » est pour moi un empire très céleste même s’il est plus un enfermement dans le monde matériel et dans son corps pour Nicolas.
N : Pour moi, les arbres font vraiment partie de l’empire alors que cette rivière Atlantique était vraiment fait de vagues.
Musicalement parlant, « Empire » s’inscrit-il dans la lignée de son prédécesseur ?
N : Je ne trouve pas. Pour moi, « Empire » est plus sylphide, floral et féminin.
A : « The Palace Of The Virgin Queen » est une chanson proprement féminine même si Nicolas l’a écrit parce qu’il jouait avec sa chatte qui s’amusait à lui jouer des tours.
Ce nouveau disque a-t-il été pensé comme une « histoire » ?
N : Trois chansons se suivent et racontent la vie de ma chatte dans cet album. « Lost Little Street Girl » raconte comment j’ai trouvé ma chatte en train de lécher un pot de yaourt sur un camion sous la pluie et que je l’ai prise dans mes bras pour la sauver. Ensuite, elle n’est pas sortie de derrière le placard pendant trois jours. « The Palace Of The Virgin Queen » qui aborde le fait qu’elle était devenue la reine absolue de la maison. « A Simple Life » aborde son âge car elle avait 21 ans et je lui dis qu’elle a finalement vécu une vie simple.
A : Une vie très simple auprès d’un rockeur qui lui met du Hard-Rock toute la journée. C’est une petite chatte qui a eu l’adoration de son maître et c’était l’inspiration secrète de ces trois morceaux.
Quels autres thèmes retrouvons-nous dans vos nouvelles chansons ?
A : Outre la vie de Mina, cet album parle de l’empire de la survie car Nicolas a passé beaucoup de temps ces deux dernières années dans les hôpitaux dans des phases de rehab. Je trouve que c’est très beau de se dire que même dans un état tout à fait grave, on continue à être inspiré et à faire des choses.
N : Écrire, cela va toujours très vite mais ce disque a été très dur à composer. Les thèmes d’« Empire » sont assez épars. Comme j’étais à l’hôpital, j’ai regroupé beaucoup de chansons écrites pour certaines il y a 15 ans. Je vais faire un prochain album en français et là, pour le coup, le propos sera ultra clair. Il y aura un procédé narratif. Pour moi, « Empire » parle de tout.
« Just Come Back Alive » qui a été imaginé bien avant la sombre période que nous traversons tous actuellement a-t-il pris un autre sens pour vous ces derniers mois ?
A : Beaucoup de personnes ont perçu ce titre comme un morceau prémonitoire.
N : En fait, je me disais que je faisais des conneries mais qu’il fallait au moins que j’en revienne vivant.
A : Dans ces temps où nous avons tous été inquiets pour le monde entier, où les gens mouraient globalement et simultanément, « Just Come Back Alive » a été la prière que nous avons tous fait secrètement pour les gens que l’on aime. Ne soyez pas emportés, pas cette fois.
N : Personnellement, je vois toujours cette chanson comme quelque chose d’écrit à moi-même. Comme un mantra. Reviens juste vivant. C’était déjà comme cela à l’époque mais avec le Coronavirus, ça a rajouté une strate qui est intéressante. C’est une coïncidence saisissante.
A : Comme Nicolas est un peu sorcier et un peu shaman, nous l’expliquons ainsi.
Au niveau de l’interprétation, comment chacun trouve-t-il sa place ?
N : C’est moi qui gueule ! Comme Gainsbourg avec Birkin.
A : Ce qu’aime Nicolas chez moi, ce n’est pas la chanteuse lyrique sauf pour les chœurs, il aime la chanteuse mezzo-voce.
« Empire » a quelque chose de très cinématographique ; Arielle réalisant également des clips et des films, avez-vous pensé à mettre tout ce disque en images en suivant un scénario ?
A : Oui, bien sûr.
N : Ça aurait même pu mieux marcher sur « La Rivière Atlantique » mais nous l’avons fait après avec « Alien Crystal Palace ». Pour « Empire », Arielle voit un clip par chanson. Elle y pense tout le temps à cette idée de film.
A : Un cosmos lié aux harmonies, à nos voix, à l’histoire inconsciente qui est dans chaque morceau.
N : Pour les clips, Arielle me demande encore plus de précisions sur ce que j’ai voulu dire et je n’aime pas donner des explications !
A : Pour le clip de « Humble Guy », il fallait que je cerne de quelle humilité Nicolas parlait car l’humilité est une vertu extraordinaire et je voulais être précise pour ne pas trahir l’essence même de cette chanson.
N : Pour moi, ces humble guys sont les êtres politiques les plus humbles qui se sont faits éclatés à coups de dague. Je pense notamment à Mendès France, Delort, Rocard, Ayrault…
N : Au départ, j’avais écrit ce titre pour parler de la menstruation et pour parler plutôt de féminisme mais ensuite, Arielle a donné une autre dimension à cette chanson.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
N & A : Tout !
A : Nous sommes des opposés mais nous créons un vrai magnétisme. Il y a une vraie altérité chez nous. C’est comme en musique, les contrepoints ; ce sont les notes en harmonique qui créent l’harmonie.
Seriez-vous déjà partants pour un troisième acte musical conjoint ?
N : Pour l’instant, j’aimerais faire un album tout seul en français mais nous sommes sur la piste d’un film.
A : Et ce film serait très musical.
N : Il y aura donc, de toute manière, une bande originale de ce film.
Dans une suite grandiose, moulures, moquette et style napoléonien, les deux artistes ne mâchent pas leurs mots sur ce drôle de monde 2020.
« Grâce à l’enfermement, nous sommes au septième ciel avec un ciel tourmenté. Invisible, plus bas. » L’interview d’Arielle Dombasle vient tout juste de débuter et sa parole tend déjà vers une hauteur vertigineuse. Dans la suite Impériale de l’hôtel La Réserve (118 mètres carrés, 5 900 euros la nuit), elle est accompagnée du stratosphérique Nicolas Ker pour défendre leur second album en duo, « Empire », qui sort ce vendredi 19 juin chez Barclay.
Un disque diaphane, comme les rayons qui transpercent le salon napoléonien avec vue sur la tour Eiffel et le Grand Palais lors de cet entretien à deux pas des Champs-Elysées, à Paris. Ces musiques sont bercées d’une production orchestrale et organique et, contre toute attente, après les nombreuses interrogations suscitées en 2016 face à la réunion de ces deux opposés pour l’album « la Rivière Atlantique », cela fonctionne. Quelques semaines après le confinement, qui nous a (chanceusement ?) poussé à se retrouver dans ce décor démesuré, les deux âmes se livrent, sans limite.
Nicolas Ker, pour évoquer, outre la musique, sa tendance à s’autodétruire, l’assassinat devant ses yeux de sa famille par les Khmers rouges, mais aussi son dégoût chaotique pour l’être humain. Arielle Dombasle est, elle, en apesanteur pour évoquer la révolution de notre époque, l’écologie, les arts ou la mythologie grecque. L’occasion, évidemment, de parler de politique. Ils ne partagent pas tout, mais sont, au final, d’accord sur tout. Ces deux fragiles se complètent comme « les notes enharmoniques qui créent l’harmonie ». Entretien croisé.
En 2016, beaucoup disaient de votre union musicale qu’elle était un « coup de com ». On vous comparait même à « la Belle et la Bête ». Avec « Empire », sorti ce vendredi 19 juin, cela ne fait plus aucun doute : vous vous comprenez vraiment musicalement.
Nicolas Ker. Merci. Personnellement, j’aime autant le deuxième album que le premier. Il n’y a jamais eu quelque chose de marketing entre nous. A la base, nous étions des amis. Jamais Arielle ne m’a dit : « On fait un album ensemble ou autre. » Ce n’est pas du tout comme ça que cela s’est passé. Cela s’est fait naturellement.
Arielle Dombasle. On a commencé, il y a six ans, pour accoucher en 2016 de « la Rivière Atlantique ». On a aussi fait beaucoup d’images. Un film dont il a composé la musique, « Alien Crystal Palace ». Nicolas a aussi composé de la musique pour des films dans lesquels je jouais. Et puis ce deuxième album. Là, on a été peut-être dans des conditions un peu plus optimisées puisqu’on avait un vrai studio et que c’était produit par Barclay. Cela a peut-être changé la donne à ce niveau. On avait plus de temps en studio et on a eu plus d’aisance. La première fois, nous étions produits par la Pan European Recording, qui est le meilleur producteur mais très underground.
N.K. Je ne pense pas. C’est l’invention de base de toutes les compositions qui le rendent comme ça. En fait, « Empire », cela devait être juste mon album solo. J’étais en train de bosser dessus pendant « la Rivière Atlantique ». Et j’ai basculé dessus dès qu’on a fini notre premier album. J’ai eu l’idée de demander à Arielle de venir nous aider à désembourber ce projet. J’ai changé radicalement les choses à ce moment précis pour imaginer ce chapitre comme un duo. De toute façon, j’avais enregistré l’album et on m’avait perdu les premières bandes. C’était l’enfer.
A.D. Il y a eu plein d’accidents de création et de recherche. Et puis, on a beau avoir eu les merveilleux studios de Barclay, il y a eu aussi tous les studios pourris, entre nous et les musiciens. C’est comme ça que s’élabore la musique.
Quel serait, selon vous, le fil d’Ariane de ce second chapitre musical ?
N.K. Les hôpitaux. Ou, du moins, il a été composé entre mes nombreuses visites dans les hôpitaux, à cause de mes excès en tout genre. Ce sont ces allers-retours qui ont rythmé l’écriture et la composition. A l’hôpital, c’est horrible. On est attaché au lit, on ne peut pas fumer une clope, pisser tranquille…
A.D. La chanson « Just Come Back Alive » est par exemple très liée au fait que Nicolas est très souvent borderline, dans l’excès, entre la vie et la mort. C’est une position dans laquelle il se retrouve vraiment.
N.K. Je suis suspendu entre le ciel et la Terre. Voilà.
Tel un ange déchu…
N.K. Non, car l’ange déchu est sur Terre. En réalité, moi, je flotte entre ces deux mondes. « Empire », c’est la Terre finalement, la glaise, la matière. Pour moi, ce monde est une prison ordonnée. Pour Arielle, c’est différent, elle trouve cela très gracile. Moi, je suis dans un sable mouvant. Pendant qu’elle gambade sur la piste, avec les gazelles, à côté.
A.D. Sûrement quelque chose comme ça, Nicolas… Quand vous parlez d’« Empire », cela vient de Philip K. Dick [écrivain américain, l’un des auteurs de science-fiction les plus influents du XXe siècle, NDLR]. C’est assez ésotérique, métaphysique, dans sa forme. C’est ancré dans l’idée que le corps devient une prison, ou non. C’est une pensée très moderne.
Une idée très actuelle, en effet, avec le confinement que nous venons de vivre pendant plusieurs semaines en France.
A.D. Absolument… Les gens dans cette période, et pour beaucoup d’entre eux, sont entrés dans la tragédie pour la première fois. Ils ont pensé à la mort ou l’ont vécue. Tandis que pour Nicolas, c’est quelque chose qui lui est familier.
Tristement familier, même. Vous êtes né d’un père français et d’une mère cambodgienne. Vous aviez 4 ans lorsque votre famille maternelle a été exterminée devant vos yeux par les Khmers rouges qui débarquent à Phnom Penh. Est-ce quelque chose qui vous marque toujours au fer rouge aujourd’hui ?
N.K. Vous savez, j’ai perdu ma langue natale en une nuit. C’est quand même étonnant. Je ne m’en rends pas compte, mais je pense que je suis toujours en plein PTSD, syndrome de stress post-traumatique, vécu par certains soldats qui reviennent du front. Même si je le raye de mon moi intérieur, tout ça continue à jouer dans mon inconscient. C’est reptilien, en fait. C’est ce qui me donne ce côté autodestructeur, avec d’autres choses.
On pense souvent, dicté par les arts, la littérature, la musique et les génies qui les composent, qu’un côté autodestructeur devient romantique.
N.K. Non, non, non. Quand j’étais jeune, oui. Et c’est souvent le cas à l’adolescence. Mais plus à mon âge. L’alcoolisme n’a rien de romantique. Cela fait mal. Juste très mal. Ce n’est plus que de la souffrance et des hôpitaux. Je suis un poète maudit, mais après c’est cinq jours d’hôpital, avec des perfusions partout, à se pisser dessus, il n’y a rien de comique. Cela fait vingt-cinq ans que je pense à la mort tous les jours à cause de l’alcool et de mon alcoolisme. Quand on voit que même Mötley Crüe et les Guns N’Roses ont raccroché, c’est dire. Quand ils arrivent à mon âge, 49 ans, ils se calment car sinon ce n’est plus possible.
[Sans transition, des cafés arrivent pour Arielle Dombasle et moi. Un café calva pour Nicolas Ker.]
A.D. Voyez cette jolie employée, obligée de porter son masque en nous servant des cafés… C’est insupportable ! Je ne peux pas m’ôter de l’idée que ce sont des bâillons, comme une muselière. Le visage de l’autre est la chose la plus miraculeuse qui existe sur la Terre. On ne sait plus si les gens sourient. S’ils sont tristes ou au bord de la mort. On ne peut quand même pas tout dire par les yeux, ce n’est pas vrai. Je déteste cet hygiénisme.
Mais c’est indispensable en cette période Arielle… Est-ce que cela vous a permis d’expérimenter d’autres choses ? De réfléchir différemment ? Pas pour vous, Nicolas, puisque vous êtes une sorte de vampire vivant la nuit et déconnecté du temps depuis des années.
A.D. Non, pas du tout. Cela n’a pas changé un iota de ce que je suis. La seule chose, c’est que j’ai désobéi, une fois de plus, et je suis allée me promener à minuit dans un Paris vide. Je suis allée dans les parcs interdits, aussi, et voir Nicolas. C’est ce que j’ai obtenu au cours de mon existence : la liberté en guise d’extase.
J’ai passé ma vie à ouvrir la cage des oiseaux, à sortir des animaux qui étaient dans des cages, à faire en sorte que les animaux et l’animal humain soient libres. Je me suis engagée depuis toujours auprès d’associations comme PETA. Depuis que j’ai ouvert les yeux sur cette planète, je me suis sentie très proche du règne animal, très proche du règne végétal, très proche aussi des gens qui étaient autour de moi. Même si je me suis toujours sentie étrangère partout. Mais j’avais l’idée d’ouvrir les portes. Pour moi, l’enfermement est quelque chose d’archaïque et de barbare.
Nicolas, pensez-vous que cette époque soit propre à la révolution ?
N.K. Pas en Occident, car on se comporte plutôt bien. Les gens sont plutôt civilisés. Après, si vous voulez me parler d’écologie, par exemple, je m’en fous complètement.
C’était l’idée, oui…
N.K. Si l’être humain disparaît de la Terre, cela ne sera pas une grande perte. Voilà mon avis. Il ne faut pas oublier que nous sommes des singes débiles. Même sans nous, il y aura toujours des poissons, toujours des oiseaux, toujours des insectes… L’écologie ne doit pas être centrée sur l’homme. Il faut arrêter les délires. Il y a des millions d’espèces animales, il n’y a pas que l’homme que je sache ? Donc si l’homme disparaît, on s’en fout ! C’est un pet dans l’histoire.
La race humaine est une sorte de dictateur nul, le prédateur ultime. Il n’a aucun ennemi si ce n’est lui-même. Si l’humanité disparaît, ce n’est pas la fin du monde ! Au contraire les coraux se porteraient mieux. Nous ne sommes pas les flics de toute la planète. Et plus l’homme disparaît vite, plus je suis content.
A.D. J’entends ce que vous dites Nicolas, mais je ne vois pas les choses comme ça. Selon moi, c’est comme dans la mythologie grecque. C’est-à-dire Epiméthée qui crée tous les animaux de la Terre. Et Prométhée qui a donné à l’animal humain, le feu et les arts de la guerre. L’homme a commis et commet le péché de se croire immortel et de se croire supérieur à toutes les autres espèces. Mais je crois à la réparation de notre planète. L’être humain est une espèce de miracle, que vous l’aimiez ou pas.
Il y a pourtant des combats à mener en matière d’écologie, malgré votre vision chaotique Nicolas…
N.K. Ce qui me dégoûte ? Comment il se comporte avec ses semblables. Depuis que cette idée a germé dans le débat public, il pourrait, pour seul exemple, avoir mis en place le revenu universel. Quand on pense à toutes les ressources que nous avons à portée de main, grâce notamment à la robotisation, non, ils préfèrent continuer à se la jouer perso. C’est un être d’une mesquinerie et d’une veulerie sans nom.
La redistribution des richesses est donc centrale pour révolutionner notre modernité ?
A.D. Je le pense, oui ! Nous devons tendre vers le mieux.
N.K. Oui, mais pas à la manière des communistes. Car j’ai vu ce que cela a donné : mes parents se sont fait buter par Pol Pot. Le communisme, ça n’a jamais marché. Il y a toujours une classe dirigeante qui censure et qui fout les gens en taule. Après, quand on voit que 1 % de la population mondiale possède plus que les 99 % restants, c’est révoltant. C’est une connerie aberrante et ignoble. Je les vomis. Ni capitalisme, ni communisme.
Pour vous résumer finalement, Nicolas : « Homo homini lupus est » (« L’homme est un loup pour l’homme »). Ceci est également tristement vrai avec la mort de George Floyd, qui a ravivé depuis plusieurs semaines aux Etats-unis, mais aussi dans le monde, les débats sur le racisme.
N.K. Oui, comme vous le dites : aux Etats-Unis. C’est propre à eux. Ou en Amérique latine, avec les autochtones, les Incas. En France, nous n’avons pas le même genre de problèmes. Les théories d’Eric Zemmour, de Marion Maréchal, celle du « grand remplacement », ne font pas florès. La grande majorité des gens ne votera jamais pour quelqu’un qui pense comme ça.
A.D. Dans l’histoire du monde, il y a toujours eu les conquérants et les conquis. Il y a toujours eu la peur de l’étranger, la peur de ce qui ne vous ressemble pas et donc c’est un ennemi a priori. Je ne l’approuve pas du tout, bien au contraire, mais c’est ainsi.
Il est assez déstabilisant de voir à quel point votre amitié est dichotomique, à la manière du yin et du yang qui se complètent.
A.D. Notre duo, c’est de la nitroglycérine. Nous sommes les opposés qui s’attirent. Comme en musique, nous sommes les notes enharmoniques qui créent l’harmonie. Si nous sommes toujours sur les mêmes notes, cela ne marche pas. L’harmonie, c’est le contrepoint.
N.K. Je n’y ai pas vraiment pensé, mais toutes ces chansons sont faites pour jouer en concert. Ce que je fais, c’est du rock’n’roll. Ce n’est pas de la musique d’avant-garde. Après, pour vous répondre : on jouera dans des petites salles et on commence notre vraie tournée dans des salles plus grandes en janvier.
N’y a-t-il pas un certain ego trip à vouloir jouer devant le plus de monde possible quand on fait de la musique ?
N.K. Je m’en fous complètement. Je peux jouer devant deux personnes : du moment qu’elles sont contentes, je suis content.
A.D. Pareillement ! Du moment que notre musique les émeut, c’est l’essentiel.
Il faudra réinventer l’industrie musicale face à cette crise du Covid-19. Quels sont les défis à relever ?
N.K. L’industrie musicale est morte depuis longtemps. Parfois, je passe un an et demi sur un album et je touche 30 euros en retour. Plus personne n’achète de disques. Personne autour de moi ! Par contre, il y a des personnes salariées dans ce secteur qui vivent très bien de gens comme moi.
A.D. C’est vrai, Nicolas a fait des disques en solo admirables, et quelques fois il reçoit des chèques de 40 centimes en droits d’auteur. Et ce que vit Nicolas n’est pas un cas isolé. Loin de là.
La rafle du streaming, en quelque sorte…
N.K. Voilà ! Tout le monde écoute ce que je fais sur YouTube. J’obtiens 500 000 vues, gratuites. Mais personne n’achète mes disques. C’est ce qui fait vivre un musicien ! Par exemple, Deezer Premium, c’est un abonnement à 9,99 euros par mois qui donne accès selon eux à 56 millions de titres. Eux, ils ont tout mon catalogue. Et je touche exactement et officiellement 0,0035 centime par écoute. Et ça, c’est si j’ai tous les droits, c’est-à-dire que je suis auteur-compositeur-interprète… Il n’y a pas un problème sans déconner ? Deezer et les autres n’en ont rien à foutre de nous.
A.D. Les Gafa sont les nouveaux pouvoirs impérialistes, voilà. Le pouvoir absolu.
Place à l’Empire rêvé d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker où les douze titres qui composent l’album forment un « bijou d’une beauté musicale évidente » (Laurent Goumarre, France Inter).
En juin, retrouvez Arielle Dombasle et Nicolas Ker en couverture du magazine Technikart !
Nicolas Ker et Arielle Dombasle, auteurs du somptueux Empire, vivaient déjà dans un espace-temps parallèle. Et si nous profitions de la promesse d’un monde nouveau pour les y rejoindre ? Rencontre lunaire.
On ne s’est pas embrassés, mais c’était tout comme. En retrouvant Arielle Dombasle et Nicolas Ker dans ce studio photos de la Mairie de Clichy à la mi-mai, ces derniers mois de mise à distance s’effacent d’un coup. En un bonjour chaleureux, c’est le retour à l’anormale. Les gestes barrières ? Très peux pour nous ! Le crooner post-apocalypse et la chanteuse lyrique sont là pour nous parler de leur nouvel album à deux. Première impression : en ayant traversé un Paris terrorisé par les mesures sanitaires, celle d’être en présence de deux dangereux punks. Tant mieux. Nous tentons de leur dire tout le bien que nous pensons de cet album, Empire, écouté en boucle ces dernières semaines. De ses orchestrations dignes du Ocean Rain d’Echo and the bunnymen. Du mariage de leur voix, par moments Cave et Kylie, par d’autres, Nancy and Lee. Un grand disque élégiaque venu à point nommé pour nous accompagner dans ces mois troubles. Mais nos deux étoiles ont d’autres priorités. À commencer par : comment faire pour cloper pendant son interview dans un monde sans terrasse ?
Ce confinement est mal tombé : vous deviez sortir Empire, vous répétiez pour le live… Nicolas Ker : Avec notre groupe, où il y a Mark Kerr, Henri Graetz au violon et Arnaud Roulin aux claviers, ont fait un boucan incroyable ! On termine par une reprise du Velvet, « Sister Ray ». Ça dure quinze minutes : pendant cinq minutes, Arielle chante du Guillaume de Machaut par-dessus ; puis c’est dix minutes de noise et de disto… Le public d’Arielle, les gens qui ont entre 7 et 77 ans, ils sortent en disant : « Enfin on voit du rock’n’roll ! » Il ne faut pas oublier qu’ils ont connu les Doors, les Stooges… (Arielle et Nicolas allument des cigarettes.)
Pardon, on ne peut vraiment pas fumer ici… Arielle Dombasle : Qui a dit ça ? Ne vous inquiétez pas : personne ne nous verra. Et si on nous surprend, dites que nous sommes des têtes brûlées – ça va bien avec la cigarette.
Aux Grosses Têtes, vous êtes entre têtes brûlées, non ? NK : Hélas, Bénichou est mort ! AD : Il avait cet esprit fou, cette espèce de férocité, aucune forme d’autocensure, alors que tout est tellement censuré partout. Le politically correct a tout envahi. NK : Le puritanisme a tout envahi, je le savais ! Dès que le porno est apparu sur internet, je le disais : dans cinq ans, il va y avoir un backlash… Le porno était tabou avant, c’était initiatique ; aujourd’hui tout est à disposition, sous la couverture du puritanisme.
C’est pareil pour la musique ? NK : La musique maintenant c’est débile ! AD : Il n’y a plus que des fakes, Nicolas est le dernier des rockeurs. NK : Je suis comme Sinatra ! Sinatra pleurait vraiment quand il chantait.
Avant toi, Nicolas, il y avait qui ? Daniel Darc ? AD : Oui, Daniel Darc était le dernier, il incarnait vraiment sa musique, il n’y avait pas de pose. NK : Il prenait ce qu’il disait au premier degré. Pas comme Christophe. Lui ne me comprenait pas. Il avait demandé ça à sa manageuse un jour, dans sa loge : « Qu’est-ce qu’on fait de Nicolas Ker ? »
N’est-ce pas une question que se posent beaucoup de gens quand tu es dans une loge ? NK : Je ne vais pas dire du mal de Christophe, le pauvre, mais c’était un entertainer. Il a fait des grands disques, mais il ne croyait pas une seconde à ce qu’il chantait, alors que Sinatra lui y croyait. AD : C’est pour ça qu’il provoquait l’hystérie : au cœur de ce timbre de velours, il y avait la vérité. NK : Exactement ! Moi pareil : à l’époque de Poni Hoax, les premiers rangs étaient en larmes !
Un rockeur doit être un agneau sacrificiel ? NK : Pas forcément. Mais il faut chercher en soi les ressources… AD : Il faut être habité. NK : Hanté ! AD : Habité corps et âme et sang.
Toi, Nicolas, tu as trouvé ça chez Arielle ? NK : Elle est dans l’entertainment. AD : Je suis plus a performer. J’ai une trajectoire plus classique : des heures et des heures de solfège et de travail sur la voix – la voix est comme un animal qu’on a et qu’il faut dresser. NK : Vous avez trop fait de films, Arielle ! Vous êtes une actrice ! Je ne suis pas un acteur, moi. Je me fais seppuku sur scène. AD : C’est pour ça qu’il est tout à fait un personnage de Mishima. Et puis il a cet excès dionysiaque. NK : Pas tellement, Arielle… AD : Quand même, si. Énormément. La moitié de l’album a été conçu dans les hôpitaux quand vous faisiez vos rehabs. L’hôpital est un de vos lieux. NK : C’est insupportable, l’hôpital !
Inspiré par Philip K. Dick, David Bowie, Jim Morrison et Nick Cave, cet album est le produit d’une alliance bizarre rock et baroque. L’Empire, c’est Malkuth, le monde matériel, « le stade ultime de la forme dense et palpable », « le lieu où force et forme se dégradent et se rompent », explique Ker. Dans leur dernier clip, « Humble Guy », ils explorent ce concept à fond. Lors d’une déambulation nocturne, la peau d’Arielle se fait plastique quand elle se transforme en poupée gonflable sexy. Captivant.
« Je suis écologique depuis toujours ! J’ai vécu au Mexique en tant qu’enfant et j’ai passé ma vie à sauver des animaux. J’adore nager ! C’est pour moi une des grandes sources de bonheur dans l’existence et je me suis aperçue que partout où j’allais, les plastiques avaient envahis la beauté du monde… Je me suis donc mise à les ramasser depuis plusieurs étés ! C’est un geste assez simple ! »
« Cet album Empire, c’est post-électro ! C’est anglo-saxon à mort ! […] Mais là, ces nappes électros, un très joli ourlet entre vos voix à tous deux et puis de très belles mélodies. Pour tout vous dire, vous m’avez franchement épaté vous et vos musiciens ! C’est vraiment un bel album ! […] Musicalement, j’ai vraiment été épaté ! »
Un album qui n’a pas laissé Christophe Ono-dit-Bio indifférent :
« ‘Empire’ est très , très beau. Les cordes sont magnifiques ! C’est très érotique, très décadent ! Cet album est un oxymore : on prend deux mots contraires qui produisent un troisième élément, comme dans l’alchimie, encore plus beau que les deux autres… »
Je vous avouerais que je me suis dit – bien sûr que Paris, l’architecture, la beauté de la ville est étincelante – “mais mon Dieu, quelle horreur d’être tout seul dans une ville!” Ce qui est intéressant, dans la vie, ce sont les autres. Arielle Dombasle
La distanciation sociale, pour un artiste, il n’y a rien de pire!
Arielle Dombasle
« C’est des années de travail, d’élaboration, alors c’est de l’herbe coupée sous le pied! Tous les concerts sont annulés, toutes les manières de communiquer sont annulées, tous les journalistes sont confinés, toutes les salles de concert sont fermées, tous les cinémas sont fermés, tous les théâtres sont fermés, les danseurs ne peuvent plus danser… c’est abominable!« , lance-t-elle.
Une cantatrice pop et un crooner punk à la tête d’un Empire ? L’idée paraît folle, pourtant c’est bien ce qu’incarne Arielle Dombasle et Nicolas Ker, qui se retrouve une fois de plus sur la même affiche, après leur précédente collaboration sur La Rivière Atlantique.
Une nouvelle collaboration dont on a déjà pu apprécier la beauté avec le premier single « Just Come Back Alive » taxé de prophétique par la critique. Le duo dévoile ce jour une nouvelle vidéo pour le 3ème single « Humble Guy » dans lequel on découvre Arielle, exposée en combinaison sexy dans une vitrine de Montmartre, donnant la réplique à Nicolas qui patience sur le trottoir désert du Numero 19. A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre de ce duo détonant, qui a bien voulu nous faire quelques confidences autour de cet Empire.
Une cantatrice pop et un crooner punk à la tête d’un Empire ? L’idée paraît folle, pourtant c’est bien ce qu’incarne Arielle Dombasle et Nicolas Ker, qui se retrouve une fois de plus sur la même affiche, après leur précédente collaboration sur La Rivière Atlantique.
Initialement prévue le 24 avril dernier, la sortie de votre album a été repoussée au 19 juin prochain, un peu déçus ?
Arielle : Nous sommes dans une nasse mondiale il n’y a pas à être déçus ou pas c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que les écoles les églises et les théâtres sont fermés.
Nicolas : Pas vraiment, le temps n’est qu’une constante fracturée.
Les conséquences sont désastreuses pour l’industrie de la musique avec les concerts qui ne sont pas prêts d’avoir lieu tout de suite. Tout cela vous fait craindre le pire pour la suite ?
Arielle : Le pire n’est pas toujours sur heureusement notre concert à la maroquinerie le 17 septembreaura toujours lieu.
Nicolas : Je suis désespéré par nature, mais également optimiste.
Quel est le secret de votre collaboration, puisque c’est la 2ème fois que vous travailler ensemble après « La rivière atlantique » ?
Arielle : La coïncidence des inconsistents.
Nicolas : On s’entend bien, certainement.
Comment s’est organisée la composition du disque entre deux têtes fortes que vous êtes ?
Arielle : Nicolas compose, écrit, nous avons de longues séances de studio avec nos merveilleux musiciens de groupe. L’inspiration et l’harmonie s’installe.
Nicolas : J’ai écrit et composé l’album, Arielle a géré la logistique, et nos goûts communs ont achevé l’ouvrage.
Le titre de l’album a été trouvé d’un commun accord ?
Arielle : Non c’est Nicolas qui a eu depuis toujours l’idée de ce titre qui résume et symbolise son rapport au monde.
Nicolas : Je l’ai trouvé il y’a longtemps, je ne me souviens même plus pourquoi.
Après le prophétique « Just Come Back Alive » et « Le Grand Hôtel », « Humble Guy »est le troisième extrait de l’album Empire qui paraîtra le 19 juin. Les voix d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker sont à nouveau en parfaite symbiose sur cette ballade rock mid-tempo. Un titre au groove sensuel et magnétique, idéal pour des jours à venir que l’on espère un peu plus libres… Le clip, réalisé par Arielle Dombasle, propose une ballade dans un Paris secret, interlope… où les deux artistes se rencontrent dans les situations ludiques et mystérieuses de la nuit. Il est en effet question ici de se mêler à la lumière magnétique des néons, aux corps libérés des contraintes du jour. Les jeux, les fantasme, tout est permis au « Humble Guy » et à sa muse nocturne. Et toujours, l’élévation comme but ultime de ces nuits électriques.
Pré-enregistrez l’album Empire sur toutes les plateformes d’écoute et pré-commandez l’album en CD ou vinyle pour le recevoir dès sa sortie le 19 juin prochain :
Musicalement, vocalement mais également au niveau des textes, tout séduit sur « Empire » qui possède énormément de classe.
Nicolas Ker qui a écrit et composé l’intégralité de ce nouvel opus a vraiment créé une œuvre exceptionnelle et passionnante ; « Empire », c’est du velours pour les oreilles, c’est grand, c’est somptueux, c’est royal mais parfois les grandes créations peuvent paraître inaccessibles et ce n’est pas le cas de cet album qui a de quoi plaire à un large public amateur de Rock de qualité.
« Empire » est un disque qui touche par sa beauté artistique et l’alliance des deux voix est indéniablement un point fort et essentiel de cet album et nous espérons déjà pouvoir retrouver très rapidement les deux artistes sur un prochain projet commun car ces deux-là se sont bien trouvés.
Arielle Dombasle et Nicolas Ker étaient les invités d’Emmanuelle Klein sur Fréquence Protestante pour la sortie de leur nouvel album Empire le 19 juin.
Arielle Dombasle, entre culture et underground, sort un nouvel album avec le chanteur Nicolas Ker.
Cette semaine Arielle Dombasle est au micro de « Crooner and Friends » et avec elle, nous inaugurons le déconfinement radiophonique puisque nous sommes allés physiquement à leur rencontre, son partenaire musical et elle, dans le cadre raffiné de l’hôtel la Réserve, à deux pas du studio Gabriel si cher à Michel Drucker et de l’Elysée, si cher à ces hommes d’exception que sont les présidents de la République, mais si, réfléchissons bien, stricto sensu, ils sont des gens d’exception. Il y a aussi des gens bougrement intelligents, incroyablement talentueux et pourtant non reconnus du grand public, c’est le cas de Nicolas Ker, artiste underground, crooner néo punk, parisien d’origine vietnamienne, fils d’une noble famille, hypra cultivé et surréalistement créatif.
De son côté Arielle Dombasle est elle aussi, une femme incroyable et inattendue : fille de très bonne famille, cultivée, elle ne vieillis pas, avec sa taille mannequin « high fashion », son parcours n’est jamais celui qu’on crois : après avoir fait la coco girl, après avoir donné le change à ppda, après les grosses têtes ou encore une série d’albums vintage, néo swing et mambo, la voici partie dans une aventure underground avec la chanteur, compositeur interprète Nicolas Ker, personnage aussi attachant qu’indomptable.
Admiration, attachement, folie, tout semble lier ces deux créatifs, la diva blonde et l’artiste sombrement vétu, petit foulard, cheveux noir de jai, toujours prêt à dire non, faisant fi de toute complaisance médiatique, un vrai métier.
Fort heureusement, la très sociable et délicate Arielle sait reprendre son fougueux partenaire pour contribuer a créer un monde délicieusement joyeux, à la fois léger, aérien et cultivé.
Une occasion également, dans Crooner and friends, de passer en revue, les expériences musicales d’Arielle Dombasle, ainsi nous écouterons un album néo rock à billy, ou Arielle nous parle de l’art de la démarche Italienne, tellement délicieux, tellement imprévisible, c’est aussi ça le charme de Crooner et en attendant de les retrouver dans ce très joyeux rendez-vous, chaque jour de la semaine à 8h15 et 18h15, on écoute Arielle Dombasle, animatrice de radio, pour vous présenter son œuvre…
L’édito Madame : sauver les sirènes par Arielle Dombasle
La Petite Sirène, d’Andersen… Le conte qui, enfant, entre deux sanglots, me fit deviner l’éblouissement et les souffrances de l’amour… Cette sirène à la voix d’or et au cœur pur, qui s’éprend d’un humain – un être d’un autre règne – et qui va tout faire pour sortir de son royaume des mers – marcher, chancelante, sur la planète Terre – et tout faire pour éblouir son prince.
Elle reste mon héroïne préférée. Je me souviens du jour où un ami de mes parents s’est mis à m’appeler Arielle, la Petite Sirène – j’eus l’impression d’entrer dans le conte de fées…
J’ai toujours aimé nager. Lacs, rivières, sources, mers et océans : j’ai passé mon temps dans l’eau, sous toutes les latitudes. Au fil du temps, j’ai observé l’altération de la beauté et de la pureté de l’eau, la dégradation lamentable des fonds marins, de la faune, de la flore et de tout l’écosystème. Les berges et les plages envahies de détritus de toute espèce, notamment de matière plastique : une réalité qui me révolte.
Pouvait-on imaginer des astres plus dépareillés que le punk-vampire de Poni Hoax et la cantatrice excentrique ? Pourtant, leur collision fait encore des étincelles sur ce nouvel album où new wave et balades surannées ouvrent les portes d’une galaxie élégante et barrée.
Empire d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker (Barclay/Mercury)