Arielle Dombasle : « Mon film est complètement libre » (Europe 1)

L’actrice et réalisatrice revient au cinéma avec le déjanté et inclassable « Alien Crystal Palace », film qu’elle a réalisé et dont elle interprète le rôle principal féminin.

INTERVIEW

Un ovni. C’est ce qui caractériserait peut-être le plus simplement le nouveau film d’Arielle Dombasle, Alien Crystal Palace. Car dans ce long-métrage, en salles depuis le 23 janvier, l’artiste a invoqué toutes ses légendes personnelles, ses obsessions, ses amis créateurs pour aboutir à un film qui ne se place dans aucune catégorie ou dans une dizaine, tour à tour, comédie romantique, film fantastique, film noir, film érotique… En une balade d’une heure et demie dans Paris, la réalisatrice a expliqué à Frédéric Taddéï tous les ressorts et symboles de son film.

« L’eau ». C’est au milieu de l’aquarium du Trocadéro que commence la promenade. Le choix du lieu ne doit rien au hasard. Elle avait déjà tourné ici pour son premier filmChassé-croisé. Mais surtout, dans Alien Crystal Palace, « je suis dans le monde subaquatique », annonce la comédienne. Tout est affaire d’eau dans ce film. Rien d’illogique, dès lors, au fait que son personnage s’appelle Dolores Rivers et qu’il donne la réplique à l’acteur Nicolas Ker, renommé ici Nicolas Atlante, pour convoquer le mythe de l’Atlantide. Qui plus est, la genèse du film vient d’un album que les deux artistes ont sorti en 2016 : « La Rivière Atlantique était le corpus musical, c’est de là qu’est né le film. »ENTENDU SUR EUROPE1 :J’ai voulu mélanger les genres parce que mon film est complètement libre. Il est difficilement classable et c’est comme dans la vie

Gothique. Rien d’étonnant alors à ce que l’on voit un sous-marin pour décor. Des images rares à tourner pour lesquelles elle avoue avoir « supplié », pour palier le « peu de moyens » côté budget. Voilà pour le cadre. Pour ce qui est du fond, il faut à nouveau se tourner vers la mythologie, égyptienne cette fois. Et plus précisément aller vers le couple idéal d’Isis et d’Osiris. L’homme et la femme, séparés et qui mènent une quête pour se retrouver et se reformer. Dans la version filmée par Arielle Dombasle, un savant tue des couples jusqu’à retrouver ce couple parfait. « C’est aussi une tragédie musicale gothique. Il y a dans mon film un espèce d’hyperréalisme fantastique, mais qui est assez noir. (…) J’ai voulu mélanger les genres parce que mon film est complètement libre. Il est difficilement classable et c’est comme dans la vie », glisse la réalisatrice.

Érotisme. À la sortie du Trocadéro, sur le parvis des Droits de l’Homme, alors qu’elle se laisse tenter par l’achat d’un jouet pour son chat, Arielle Dombasle observe les statues environnantes. Le temps de lui faire remarquer l’importance de la nudité dans son film. On y voit des flics en combis de cuir, de l’androgynie, de l’adultère… Elle réfute le terme de porno chic. « Je n’emploierai pas ce mot. Il y a tout simplement des images très choquantes, très transgressives. » Deux de ses actrices, Joséphine de la Baume et Zoé Le Ber, retrouvées au café du musée de l’Homme un peu plus tard, s’accorderont davantage sur des passages « érotiques. »

« Quand des gens se plaisent, les autres le sentent ». Mais finalement, tout est peut-être question de désir pour Arielle Dombasle : « Il est certain que les hommes et les femmes sont des espèces presque opposées. On est vraiment sur des planètes différentes. Ce qui reste une des forces du monde, c’est l’attraction. Quand des gens se plaisent, tous les autres le sentent. J’ai toujours interrogé le désir, ça me semble la chose la plus intéressante au monde. » Peut-être aussi la clé de compréhension de ce film-ovni.